Calèna en Nissa Vielha
Noël dans le Vieux-Nice
Eglise Sainte Rita. Cette année-là, Frère Georges avait représenté, dans sa Crèche, le Vieux-Nice et la Colline du Château. Pas un détail ne manquait ! On y reconnaissait très bien les rues, les différents monuments : la Plaça Vitour - Place Victor (aujourd’hui Place Garibaldi) ; le Palais Lascaris ; le Palais ducal (actuellement, résidence du Préfet), l’Opéra ; les églises : Sainte Rita, Saint-Martin – Saint-Augustin, le Jésus, la Cathédrale Sainte-Réparate... Un véritable travail d'architecte-horloger !
Pascaline, Justine et Marie, trois petites filles du Vieux-Nice, vinrent dans l'après-midi pour admirer la Crèche. Elles s'agenouillèrent sur un grand prie-Dieu qui était posé devant, histoire d'être à la hauteur des santons. L'Église était vide (pour une fois !). Dehors, il pleuvait, et de ce fait, beaucoup de gens étaient restés chez eux.
Nos trois petites filles regardaient attentivement chaque détail de la Crèche... Marie, la plus petite, s'écria :
« Regardez, il y a un santon, on dirait qu'il bouge ! »
Pascaline et Justine s'approchèrent d'elle et constatèrent que c'était bien vrai, il y avait un santon qui bougeait !
« C'est sûrement un mécanisme que le Frère Georges aura mis ! » répliqua calmement Pascaline, la plus grande.
« C'est bien possible, mais il y en a d'autres qui bougent ! » rajouta Justine.
Toute la Crèche s'était animée... comme le vrai Vieux-Nice !
« Mais je ne rêve pas... Venez voir ! Jeanne ! Jana dóu Castèu ! Un santon ressemble à Jeanne, je vous jure ! Et là, dans la procession des Pénitents Blancs, on dirait Julien et Thierry ! »
Tous les santons ressemblaient à des habitants du Vieux-Nice :
Angèle, la belle fleuriste du Cours Saleya !
Émilienne, la petite boulangère coquette de la Carriera Drecha (Rue Droite) !
Patricia, l’animatrice pour les enfants du quartier !
Pascal et Lucienne du bar “des trois coucourdes” !
Louis et Hélène, du petit Théâtre “dei beluga” !
Pierre, avec son orgue de barbarie !...
Ils y étaient tous et se dirigeaient vers une grange. Là, ils offrirent des cadeaux à l'enfant qui venait de naître.
Pascaline, Justine et Marie étaient ébahies...
« Comme c'est beau ! » soupirèrent-elles...
Tout à coup, un bruit de porte... Les santons s'immobilisent... Tout redevient comme avant...
Nos trois amies font un beau signe de croix et retournent chez elles...
Rêve ? Réalité ? On ne le saura jamais ! Mais ce qui est sûr, c'est qu'en Provence, à Nice et dans son Comté, les santons... et ben... ils ont une âme !!! Mais, chut, c’est un secret !!!
Bouona Calèna ! Bon Nouvè ! Joyeux Noël !
Noël 1998
Fr. B