Noël amérindien des Animaux

 

 

Une très ancienne légende amérindienne raconte que, bien avant l’arrivée des Blancs en Amérique du Nord, il se produisit un miracle en la naissance d’un « papoose », un tout-petit enfant…

 

 

Grand-Nord canadien… C’est l’hiver… Il fait extrêmement froid…

 

 

 

 

 

Le sursaut de douce chaleur appelé l’ « été indien » est bien fini !

 

Ah, cette explosion de couleurs si caractéristique !

 

Les feuilles des érables teintées d’or et de pourpre jonchent maintenant le sol gelé.

 

Oui, depuis longtemps déjà, la neige a recouvert de son blanc manteau la forêt et la toundra…

 

Les lacs, les étangs et les rivières, il y a peu colonisés par d’innombrables oiseaux, sont pris par les glaces…

 

Les Bernaches du Canada, les Plongeons Huards, les Grues Blanches, les Cygnes Trompette, les Oies des Neiges et autres volatiles migrateurs ont depuis longtemps regagné des contrées plus australes et hospitalières, à l’instar des magnifiques Papillons Monarques partis pour les montagnes du Michoacán au Mexique.

 

On n’entend plus le brame des puissants Orignaux mâles ni le fracas de leurs bois qui s’entrechoquent en de puissants combats.

 

La terre et le ciel sont désormais enveloppés d’un crêpe laiteux qui étouffe jusqu’aux sons.

 

Lorsqu’un rayon de soleil parvient cependant à déchirer l’épais brouillard, alors les arbres aux branches givrées scintillent comme autant de candélabres…

 

La nature, d’habitude si vive et si foisonnante pendant les autres saisons, s’est comme assoupie dans un profond engourdissement…

 

Tout est devenu calme, paisible, endormi, au bord de la léthargie…

 

Mais la vie ne fait que sommeiller !

 

Le silence est parfois rompu.

Au loin on perçoit le hurlement d’un Loup ou d’un Coyote, le cri d’un Couguar à l’affût, le croassement d’un Corbeau, le bruit de la course effrénée d’un Lièvre poursuivi par un Lynx, ou celui d’un Renard arctique farfouillant dans la neige à la recherche d’un Lemming, ou encore le beuglement d’un vieux Bison solitaire… De temps à autre, le vol léger d’un Harfang des neiges fait vibrer l’air glacé…

 

 

Tout à coup, le jappement d’un chien, puis des bruits de pas et des éclats de voix ! Mais qui vient donc troubler cette quiétude ?

 

Un jeune couple s’avance dans la neige. Pour faciliter leur progression, l’homme et la femme ont chaussé des raquettes confectionnées de bois et  de “babiches” (lanières de cuir).

Le chien tire un “travois”, sorte de traîneau composé de deux longues perches fixées aux flancs de l’animal.

 

Il se fait tard. L’homme monte le camp seul car sa femme est enceinte, sur le point d’accoucher.

 

La légende a retenu leurs noms : il s’appelle « Apenimon » (cela signifie « Digne de la confiance »), elle, « Yepa » (cela veut dire « Princesse de l’hiver »).

 

Après avoir fait un bon feu, Apenimon dresse rapidement le “wigwam” car il fait presque nuit maintenant. Il construit la charpente avec des perches d'épinette attachées au sommet avec des racines de ce même arbre. Il place un cerceau de bois d'alisier juste au-dessous du sommet pour renforcer les perches et y attache d'autres plus courtes pour mieux soutenir le poids de l'écorce de bouleau. Ensuite, partant du bas, Apenimon pose sur la charpente des bandes d'écorce, en les superposant comme des bardeaux. A la fin, il place dessus d'autres perches pour retenir l'écorce en place si d’aventure le blizzard se mettait à souffler.

 

Yepa s’occupe de l’intérieur. Elle installe le foyer au milieu ; le sommet du wigwam reste ouvert pour permettre à la “boucane” (la fumée) de s'échapper et, s'il se met à faire mauvais temps, il sera toujours temps de le couvrir d'un collet d'écorce. Puis Yepa tapisse le sol de brindilles de sapin, de nattes tissées et de fourrures. Une grande peau sert de porte. Enfin, tout est installé…

 

Nous sommes quelques jours après le solstice d’hiver. Le ciel est particulièrement clair et dégagé cette nuit.

 

Apenimon et Yepa remarquent une étoile qui brille beaucoup plus que les autres. L’astre, de plus en plus éclatant, semble avancer dans le ciel. L’étoile, flamboyante, vient s’arrêter au-dessus du wigwam. A ce moment-là, Yepa ressent les premières douleurs…

Elle met au monde son fils premier-né qu’elle emmaillote dans une peau de lièvre. Elle l’appelle « Yuma » (ce nom veut dire « Fils de Chef »). Apenimon est fou de joie et remercie « Wanka Tanka », le « Grand Esprit ».

 

 

 

Quelques heures après la naissance du petit Yuma, se produit une chose pour le moins insolite : tous les animaux de la région viennent lui rendre hommage. Il n’y a plus ni proie ni prédateur en cette nuit ; c’est un peu comme une trêve accordée par Wanka Tanka.

 

 

 

Un troupeau de Bœufs musqués venu de la toundra arctique côtoie une meute de Loups.

On peut voir aussi des Orignaux, des Wapitis, des Caribous, mêlés à des Grizzlys.

 

 

 

 

 

Des Chèvres des Rocheuses sont même descendues de leurs lointaines montagnes !

 

 

 

Des Bisons, des Coyotes, des Renards roux, des Castors sont aussi de la partie !

Des Cerfs de Virginie, des Chevreuils accourent, accompagnés de Couguars, de Lynx et de Carcajous.

Des Pygargues à tête blanche et des Aigles royaux se posent au milieu des Tatous, des Ratons-Laveurs, des Marmottes, des Ecureuils, des Porcs-épics, des Mouffettes et des Loutres !

Des Ours polaires ont  fait aussi le voyage depuis la banquise nord de la Baie d’Hudson !

 

 

 

Une très grande partie de la Faune nord-américaine s’est déplacée pour adorer l’Enfant !!!

 

Tout ceci me rappelle une parole du Livre Sacré des Blancs, la Bible. Je l’avais entendue prononcée par un missionnaire jésuite pour les fêtes de Noël : « Le loup habitera avec l'agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l'ourse auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. » (Is 11,6-7)

Est-ce Yuma, ce petit garçon qui conduira tous ces animaux dans la paix du Grand Esprit ?

 

 

Les êtres humains ne sont pas en reste. En effet, trois Grands Chefs Amérindiens et leur suite, dans leurs plus beaux habits de cérémonie et qui avaient suivi l’étoile, s’approchent à leur tour du wigwam où repose le nouveau-né. Ils entrent dans la tente faite d’écorces, saluent les jeunes parents, surpris par tous ces évènements.

Les Chefs offrent des cadeaux à Yuma : des graines de blé d’Inde (maïs), des fourrures et des “wampum” (ceintures de perles enfilées sur des filaments végétaux ou animaux).

 

 

Joyeux Noël !

Noël 2007

Fr. B