Sainte Gianna Beretta Molla,
ou l’amour fou d’une mère
(1922-1962)
A toutes les femmes qui œuvrent pour la justice et le bien-être des peuples, à toutes les mères et épouses du monde, en particulier à Lucienne, ma mère, à mes sœurs Patricia et Hélène (qui est auprès du Seigneur), à Justine et Lucienne, mes grand-mères, à Christine (auprès du Seigneur aussi), à Sabine, une amie très chère et jeune maman…
Je vous propose de faire connaissance avec une maman, béatifiée par Jean-Paul II le 24 avril 1994, pendant l'Année Internationale de la Famille : Gianna Beretta Molla, et canonisée le 16 mai 2004.
Gianna a témoigné de sa foi chrétienne par une vie pleine d’amour et de joie ! Le Pape nous a offert un beau cadeau, un modèle vraiment accessible à tous les Chrétiens d’aujourd’hui, à travers la figure de Gianna !
Gianna pour les femmes, les mamans et les couples ! Sa vie n’a été que don de soi, souci des autres en particulier des plus pauvres et des plus petits, toujours dans l’allégresse et la louange pour la Création de Dieu ! Gianna est portée à considérer la vie comme un don merveilleux de Dieu, à avoir confiance en la Providence, à être certaine de la nécessité et de l'efficacité de la prière.
Pour les béatifications ou les canonisations, les portraits des nouveaux Saints ou Bienheureux sont accrochés sur la majestueuse façade de la Basilique Saint-Pierre de Rome, édifiée par Maderno. Mais ce 16 mai 2004, sans doute jamais rien de semblable n’avait été offert au monde : parmi six portraits, une maman tenant dans ses bras l’un de ses quatre enfants. Certainement, cette photo inhabituelle aura interpellé le regard des pèlerins ainsi que les caméras de télévisions ! Sa fille, Gianna Emanuela, reconnut la dimension nouvelle qu’avait pris la maternité de sa mère après sa mort héroïque. Pour sa béatification, l’Église a en effet reconnu un miracle qui a permis à une jeune maman brésilienne de porter à terme sa grossesse, à Grajau, en 1977.
Son mari, Pietro Molla, était là, à la canonisation de son épouse, ému, fatigué et victime d’un léger malaise, mais il put aller saluer Jean-paul II à la fin de la célébration, accompagné de Gianna Emanuela, qui embrassa le pape affectueusement. Leurs enfants, Pierluigi, Lauretta (Marionila est décédée à l’âge de 7 ans), participaient eux aussi à cette grande fête de famille, pleins de gratitude et offrant cette douleur qui ne peut s’effacer, celle d’avoir grandi sans leur maman : une douleur et une offrande que le pape polonais connaissait bien…
« Après une existence exemplaire en tant qu'étudiante, jeune fille engagée dans la communauté ecclésiastique, et comme épouse et mère heureuse, elle a offert sa vie en sacrifice afin que l'enfant qu'elle portait en son sein puisse vivre - cette jeune fille est aujourd'hui ici avec nous ! - Sa profession de médecin la rendait consciente du danger qu'elle encourait, mais elle ne reculera devant aucun sacrifice. » Ces par ces simples mots que Jean-Paul II synthétisa l'existence de Gianna, au cours de la cérémonie solennelle de Béatification. Il dit aussi :
« Nous désirons rendre hommage à toutes les mères courageuses qui se consacrent sans réserve à leur famille, qui souffrent en accouchant et qui font face à toutes sortes de sacrifices pour leurs enfants, en cherchant à leur transmettre ce qu'il y a de mieux en elles. »
Piera Fontana, une amie de Giana, déclara en souriant :
« Il y a 50 ans, avant Gianna, comment était-il possible que seuls les religieux, les prêtres et les frères soient élevés à la gloire des autels ? Gianna a été béatifiée. Elle représente toutes les mères. C’est cela qui me touche. Une mère y est finalement arrivée. »
Gianna Beretta est née à Magenta (Province de Milan) le 4 octobre 1922. Dès son enfance, elle accueille avec une adhésion totale le don de la foi et une éducation fortement chrétienne qu'elle reçoit de ses parents extraordinaires. Durant les années de lycée et d'université, alors qu'elle s'adonne avec sérieux aux études, elle « actualise » sa foi en s'engageant dans un apostolat généreux pour les jeunes de l'Action Catholique Italienne, et charitable pour les personnes âgées et les pauvres, avec la Conférence Saint-Vincent-de-Paul.
Docteur en médecine et en chirurgie en 1949 à l'Université de Pavie, elle ouvre en 1950 un dispensaire à Mesero, près de Magenta. Elle se spécialise en pédiatrie à l'Université de Milan en 1952. Elle aura une préférence pour les mamans, les enfants, les personnes âgées et les pauvres.
Alors qu'elle remplit sa charge de médecin, qu'elle ressent et pratique comme une « mission », elle accroît encore son engagement dans l'Action Catholique, en se donnant sans compter pour les « plus jeunes ». En pratiquant le ski et l'alpinisme, elle exprime en même temps sa grande joie de vivre et son bonheur d’admirer l'œuvre de Dieu dans la nature.
Elle s'interroge, prie et fait prier pour sa vocation qu'elle considère aussi comme un don de Dieu. En choisissant l'appel au mariage, elle y répond avec tout son enthousiasme et elle s'y donne totalement.
Elle se fiance avec l'Ingénieur Pierre Molla et, durant les fiançailles, elle est radieuse par son comportement et par son sourire. Elle en remercie sans cesse le Seigneur. Dans une lettre à son fiancé, Gianna écrivait :
« Je veux former avec toi une famille vraiment chrétienne, un petit Cénacle où le Seigneur se sente chez lui, nous guide et nous aide à réaliser nos projets. »
Elle se marie le 24 septembre 1955 dans la basilique Saint-Martin à Magenta. Elle est une femme heureuse.
En novembre 1956, elle devient maman pour la première fois : Pierluigi naît. En décembre 1957, c'est la naissance de Mariolina ; en juillet 1959, celle de Lauretta. Elle sait harmoniser avec simplicité et équilibre ses devoirs de mère, d'épouse, de médecin et sa grande joie de vivre.
En septembre 1961, vers le deuxième mois d'une quatrième grossesse, elle connaît la souffrance et le mystère de la douleur : un fibrome à l'utérus apparaît. Il faut l'opérer. Tout en sachant les risques que cela comporte de continuer la grossesse, elle supplie le chirurgien de ne pas recourir à l'avortement, mais de sauver la vie qu'elle porte en elle et elle se confie à la prière et à la Providence.
La vie est sauve. Elle remercie le Seigneur et passe les sept mois qui la séparent de la naissance avec une force d'âme incomparable et avec une ardeur de chaque instant comme mère et médecin. Anxieuse, elle craint que son bébé puisse naître souffrant et demande à Dieu que cela lui soit épargné.
Quelques jours avant l'accouchement, tout en se confiant pleinement à la Providence, elle est prête à donner sa vie pour sauver celle de son enfant: « Si vous devez décider entre moi et l'enfant, n'hésitez pas: choisissez, et je l'exige, l'enfant. Sauvez-le. » Le matin du 21 avril 1962, Gianna Emanuela est née, saine et sauve.
Le matin du 28 avril, malgré tous les efforts et les soins pour sauver aussi la maman, au milieu de douleurs indicibles, après avoir répété : « Jésus, je t'aime. Jésus, je t'aime », elle entre dans la Lumière, saintement. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ! » (Jn 15,13)
Elle avait 39 ans. Son enterrement fut une grande manifestation unanime de profonde émotion, de foi et de prière.
Gianna Beretta Molla fut une simple messagère de l'amour divin, mais elle le fut de façon profondément significative. Quelques jours avant son mariage, dans une autre lettre à son futur mari, elle écrivait :
« L'amour est le plus beau sentiment que le Seigneur ait placé dans l'âme des hommes. »
A l'exemple du Christ, qui « ayant aimé les siens... les aima jusqu'à la fin » (Jn 13,1), cette sainte mère de famille resta héroïquement fidèle à l'engagement pris le jour de son mariage. Le sacrifice extrême qui scella sa vie, témoigne que seul celui qui a le courage de se donner totalement à Dieu et à ses frères se réalise lui-même.
Puisse notre époque redécouvrir, à travers l'exemple de Gianna Beretta Molla, la beauté pure, chaste et féconde de l'amour conjugal, vécu comme une réponse à l'appel divin !
Terminons avec les mots mêmes que Jeanne adressa, en 1946, à un groupe de jeunes de l'Action Catholique de Magenta :
« Dieu désire nous voir près de Lui, pour nous communiquer dans le secret de la prière, le secret de la conversion des âmes que nous approchons. [...] Toute journée de la vie devrait avoir un laps de temps pour se recueillir auprès de Dieu. [...] Répandre la Bonne Parole, jeter notre petite graine sans jamais nous fatiguer. Ne nous arrêtons pas trop à considérer ce qu'il y aura. Si après avoir travaillé pour le mieux, un échec arrive, acceptons-le avec générosité : un échec bien accepté par un apôtre qui avait employé tous ses moyens pour bien réussir, est plus bénéfique au salut qu'un triomphe. »
Fr. B