« N’AYEZ PAS PEUR ! »
Jean-Paul II, Pape
(1920-2005)
Lorsque vous lirez cet article, tout ou presque tout aura été dit sur Karol WOJTYLA, devenu Jean-Paul II, ce pape extraordinaire. Il m’a cependant paru important de dire quelques mots sur cette figure qui marquera longtemps encore l’Eglise tout entière et le monde, ceci n’enlevant rien au nouveau pape Benoît XVI, élu le 19 avril 2005.
De plus, j’ai eu l’honneur et la chance d’assister à la messe présidée par Jean-Paul II le mardi saint 1983 dans sa Chapelle privée !!!
Karol WOJTYLA est né le 18 mai 1920 à Wadowice en Pologne et fut baptisé le 20 juin de la même année. Il est le second fils d’un père militaire et d’une mère institutrice. Deux ans plus tôt, la Pologne recouvrait l’indépendance politique perdue à la fin du XVIII° siècle.
Karol Wojtyla a été marqué dans sa jeunesse par la disparition de tous ses proches. Il est âgé de 9 ans quand sa mère décède. Quelques années plus tard, son frère aîné meurt prématurément. Puis le père meurt en 1941. Il avait aussi une sœur qui mourut avant sa naissance. Ces épreuves familiales ont pris place dans un contexte historique difficile.
Karol Wojtyla entreprend des études de philologie polonaise à l'université Jagellon de Cracovie, tout en fréquentant en même temps l'école théâtrale (1938). Il s'inscrit au grand séminaire, dont la fermeture pendant l'occupation l'oblige à continuer ses études dans la clandestinité (1942) et à travailler en usine. Karol Wojtyla a partagé le sort d’une Pologne particulièrement atteinte par les drames du XX° siècle. En 1939, la Pologne perdit à nouveau son autonomie avec sa partition entre l’Allemagne nazie et l’URSS. Après la guerre, elle connaîtra le totalitarisme communiste jusqu’en 1989.
Ordonné prêtre le 1er novembre 1946, il part pour Rome à la Faculté de théologie de l’Angelicum. Il fait une thèse de doctorat en théologie sur saint Jean de la Croix (1948). De retour en Pologne, il exerce un ministère pastoral comme vicaire dans plusieurs paroisses du diocèse de Cracovie…
Il est nommé évêque auxiliaire de Cracovie le 4 juillet 1958 et ordonné le 28 septembre 1958.
Il devient archevêque de Cracovie le 23 janvier 1964 et créé cardinal le 26 juin 1967.
Karol Wojtyla est élu comme 264° pape le 16 octobre 1978 et prend le nom de Jean-Paul II.
Premier pape polonais de l'histoire, il s'est attaché à donner une plus grande visibilité à l'Église à travers son action pastorale. Artisan de l'effondrement du système communiste, il fait de nombreux voyages dans le monde, prenant la défense des plus défavorisés, des moins libres, ardent défenseur de la paix et des droits de l'homme. Doté d'un grand charisme, cet homme de communication, polyglotte, va bousculer le Vatican, et se montrer infatigable malgré l'attentat du 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre et ses ennuis de santé les dix dernières années.
Le 2 avril 2005, Jean-Paul II est retourné à la
maison du Père, veille du Dimanche de la Divine Miséricorde qu’il avait
institué. Il sera resté 26 ans sur le trône de saint Pierre.
Lorsque Jésus vint à la rencontre des Apôtres en marchant sur les eaux, il leur dit : « C’est moi, n’ayez pas peur. » (Jn 6,20) De même, après la Transfiguration, le Seigneur s’adressa à Pierre, Jacques et Jean : « Relevez-vous, et n’ayez pas peur. » (Mt 17,7)
Jean-Paul II n’a eu de cesse de reprendre les mots de Jésus : « N’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! »
Lors des « Journées Mondiales de la Jeunesse » de l’An 2000 à Rome, le Souverain Pontife s’adressa à des milliers de jeunes, et à travers eux à tous les Chrétiens du monde, donc aussi à nous, en disant :
« En venant ici, qu'êtes-vous venus chercher ? ou mieux, qui êtes vous venus chercher ? Il ne peut y avoir qu'une seule réponse : vous êtes venus chercher Jésus Christ. Car c'est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur ; c'est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait. C'est Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal.
En l'an 2000, est-il difficile de croire ? oui c'est difficile ! on ne peut pas le nier. C'est difficile, mais avec l'aide de la grâce c'est possible.
Chers amis, aujourd'hui encore, croire en Jésus, exige de prendre position pour lui, et il n'est pas rare que ce soit comme un nouveau martyre. Il ne vous sera peut-être pas demandé de verser votre sang, mais de garder la fidélité au Christ, oui certainement !
Ainsi, en rentrant dans vos pays, mettez l'Eucharistie au centre de votre vie personnelle et communautaire. Vivez l'Eucharistie en témoignant de l'amour de Dieu pour les hommes. Que l'Eucharistie façonne votre vie, la vie des familles que vous formerez ! et faites l'expérience de la prière, laissant l'Esprit parler à votre cœur ! prier, cela veut dire consacrer un peu de son temps au Christ.
Je prie donc pour que le Christ règne dans vos cœurs et dans l'humanité du nouveau siècle et du nouveau millénaire. N'ayez pas peur de vous en remettre à lui. Il vous guidera, Il vous donnera la force de le suivre chaque jour et en toute situation. [...] »
Les proches de Jean-Paul II s’accordent tous à dire que c’était un homme de prière, un mystique. Il fut aussi un grand enseignant : il a écrit 14 encycliques, 15 exhortations apostoliques, 11 constitutions apostoliques, 42 lettres apostoliques, 28 motu proprio et quelques ouvrages plus personnels comme « Ma vocation, don et mystère », ou encore son dernier livre « Mémoire et identité ».
Vers 65 ans, Karol Wojtyla écrivait son Acte d'abandon à la Miséricorde. Par sa parole et son exemple, Jean-Paul II nous a appris comment la maladie et la vieillesse servent à la gloire de Dieu et au salut du monde :
« Acte d’abandon à la Miséricorde :
Seigneur, voilà plus de soixante-cinq ans que Tu m'as fait le don inestimable de la vie, et depuis ma naissance, Tu n'as cessé de me combler de tes grâces et de ton amour infini. Au cours de toutes ces années se sont entremêlés de grandes joies, des épreuves, des succès, des échecs, des revers de santé, des deuils, comme cela arrive à tout le monde. Avec ta grâce et ton secours, j'ai pu triompher de ces obstacles et avancer vers Toi. Aujourd'hui, je me sens riche de mon expérience et de la grande consolation d'avoir été l'objet de ton amour. Mon âme te chante sa reconnaissance.
Mais je rencontre quotidiennement dans mon entourage des personnes âgées que Tu éprouves fortement : elles sont paralysées, handicapées, impotentes et souvent n'ont plus la force de Te prier, d'autres ont perdu l'usage de leurs facultés mentales et ne peuvent plus T'atteindre à travers leur monde irréel. Je vois agir ces gens et je me dis : « Si c'était moi ? »
Alors, Seigneur, aujourd'hui même, tandis que je jouis de la possession de toutes mes facultés motrices et mentales, je T'offre à t'avance mon acceptation à ta sainte volonté, et dès maintenant je veux que si l'une ou l'autres de ces épreuves m'arrivait, elle puisse servir à ta gloire et au salut des âmes. Dès maintenant aussi, je Te demande de soutenir de ta grâce les personnes qui auraient la tâche ingrate de me venir en aide.
Si, un jour, la maladie devait envahir mon cerveau et anéantir ma lucidité, déjà, Seigneur, ma soumission est devant Toi et se poursuivra en une silencieuse adoration. Si, un jour, un état d'inconscience prolongée devait me terrasser, je veux que chacune de ces heures que j'aurai à vivre soit une suite ininterrompue d'actions de grâce et que mon dernier soupir soit aussi un soupir d'amour. Mon âme, guidée à cet instant par la main de Marie, se présentera devant Toi pour chanter tes louanges éternellement. »
Le 3 avril, dimanche qui suivit la mort de Jean-Paul II, une messe en suffrage de Sa Sainteté fut célébrée place Saint-Pierre. Le Pape avait indiqué le thème de la méditation pour la prière du « Regina Cæli » du 2° Dimanche de Pâques, Dimanche de la Divine Miséricorde. En conclusion de la concélébration eucharistique présidée par le Cardinal Angelo SODANO, S.Exc. Mgr Leonardo SANDRI a prononcé les paroles suivantes, avant de donner lecture du texte du Saint-Père : « J'ai été chargé de vous lire le texte préparé, sur ses indications explicites, par le Saint-Père Jean-Paul II. Je le fais en ressentant profondément cet honneur, mais également avec une grande nostalgie. »
« Très chers frères et soeurs!
Le joyeux Alléluia de la Pâque retentit également en ce jour. La page de l'Evangile de Jean d'aujourd'hui souligne que le Ressuscité, le soir de ce jour, apparut aux Apôtres et "leur montra ses mains et son côté" (Jn 20,20), c'est-à-dire les signes de la passion douloureuse imprimés de façon indélébile sur son corps, également après la résurrection. Ces plaies glorieuses, qu'il fit toucher huit jours plus tard à Thomas, incrédule, révèlent la miséricorde de Dieu, qui "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3,16).
Ce mystère d'amour se trouve au centre de la liturgie d'aujourd'hui du Dimanche in Albis, dédié au culte de la Divine Miséricorde.
Le Seigneur ressuscité offre en don à l'humanité, qui semble parfois égarée et dominée par le pouvoir du mal, par l'égoïsme et par la peur, son amour qui pardonne, qui réconcilie et ouvre à nouveau l'âme à l'espérance. C'est l'amour qui convertit les coeurs et qui donne la paix. Combien le monde a besoin de compréhension et d'accueillir la Divine Miséricorde !
Seigneur, Toi qui par ta mort et ta résurrection révèles l'amour du Père, nous croyons en Toi et nous te répétons aujourd'hui avec confiance : Jésus, j'ai confiance en Toi, aies pitié de nous et du monde entier.
La solennité liturgique de l'Annonciation, que nous célébrerons demain, nous pousse à contempler avec les yeux de Marie l'immense mystère de cet amour miséricordieux qui naît du coeur du Christ. Aidés par Elle, nous pouvons comprendre le sens véritable de la joie pascale, qui se fonde sur cette certitude : Celui que la Vierge a porté dans son sein, qui a souffert et qui est mort pour nous, est véritablement ressuscité. Alléluia ! »
Fr. B