« Nous devons vaincre le mal par le bien »
Bienheureux Jerzy Popieluszko,
Prêtre et Martyr
(1947-1984)
uomovivo.blogspot.com/ 2010/06/beatificazione-...
En 1980-1981, j’étais élève de Terminale. Beaucoup de Prêtres et de fidèles s’étaient émus de la situation en Pologne, alors sous le joug communiste. J’avais participé, dans ma ville, avec l’aumônerie de mon lycée, à des œuvres pour venir en aide aux Polonais (collectes, rassemblements, temps de prière…). J’arborais fièrement le badge du Syndicat « Solidarność » - « Solidarité » !
www.beskid.com/pologne/ redirect.php?s=324
En Pologne les esprits étaient littéralement galvanisés ! Il faut dire qu’avoir un Pape de l’Est, en la personne de Jean-Paul II, à la tête de l’Eglise catholique donna de l’assurance et du courage aux polonais !
www.krakow-info.com/ 1poland.htm
Le Père Jerzy Popieluszko fut une des figures emblématiques de la lutte pour la Liberté dans le pays de saint Casimir. Prêtre polonais, il fut assassiné à 37 ans. Il était notamment l'aumônier des ouvriers du Syndicat «Solidarność » à Varsovie dans les années 80. Reconnu martyr par le pape Benoît XVI, il a été béatifié le 6 juin 2010 à Varsovie.
« Vingt-six ans déjà que le Père Jerzy Popieluszko était jeté dans la Vistule après avoir été torturé à mort. Elément gênant pour le régime dictatorial, ce jeune prêtre de trente sept ans, ami de Lech Walesa et proche de Jean-Paul II était devenu insupportable en raison de sa popularité. On peut faire taire un homme. On n'aliène pas sa conscience. On peut canaliser le pouvoir temporel d'une Eglise. On ne maîtrise pas le rayonnement de ses martyrs. La Pologne fête, ce 6 juin 2010, une de ses grandes figures nationales, en pleine célébration de la Fête Dieu, dévotion particulière pour ce prédicateur qui remuait les foules. Sur décision de Benoît XVI, l'Eglise catholique célèbre sa béatification à Varsovie. Les catholiques de l'Eglise en France expriment leur sentiment de fraternité à la communauté polonaise. »
(Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France)
http://wiadomosci.gazeta.pl/Wiadomosci/51,80708,6050469.html?i=1
Enfance et adolescence
Jerzy Popieluszko est né le 14 septembre 1947 à Okopy, près de Suchowola en Podlasie, au nord-est de la Pologne. Il fut baptisé dans l'église du village d'Okopy. Ses parents, Marianne et Ladislas, dirigeaient une exploitation agricole. Il fut élevé dans une famille très catholique, où la prière était quotidienne, et dans la fidélité à l'Evangile. A partir de 1961, Jerzy étudia au Lycée de Suchowola. Les enseignants le définissaient comme un élève moyen, capable, ambitieux et individualiste. Dès son plus jeune âge il fut enfant de chœur. Mais sa vocation sacerdotale ne lui vint qu’à la période du baccalauréat.
Séminariste et militaire
Après son diplôme en 1965, Jerzy rejoignit le Grand Séminaire de Varsovie.
Il effectua son service militaire de 1966 à 1968. Il fut assigné dans une unité spéciale pour les séminaristes à Bartoszyce (Warminsko-mazurskie), dans la zone frontalière nord-est du pays. Le recrutement des séminaristes dans l'armée, en dépit d'un accord entre l'État et l'Église en 1950, était une manière pour les autorités communistes de soustraire les jeunes séminaristes de l’environnement des évêques récalcitrants de l'Église. Il était prévu un astucieux système d'endoctrinement effectué par un personnel sélectionné, et des officiers capables de persuader les séminaristes d’abandonner leurs études cléricales. Les séminaristes étaient en effet soumis à des pressions très fortes : la prière, en commun ou personnelle à voix haute était interdite, de même que le port des insignes religieux et la lecture de livres sur les sujets religieux. De santé fragile, Jerzy souffrit particulièrement des pressions exercées à l'encontre des séminaristes. Cependant, il fut un soldat distingué, d'un grand courage, défendant ses convictions, ce qui le conduisit à subir diverses formes de persécution.
En revenant de l'armée, Jerzy tomba malade. A partir de ce moment, et ce jusqu'à la fin de vie, il aura à faire face a des problèmes de santé.
Prêtre
Diacre en 1971, Jerzy fut ordonné prêtre le 28 mai 1972 par le Cardinal Stefan Wyszynski, Primat de Pologne.
Les images distribuées lors de sa première messe comportaient la phrase suivante :
« Dieu m'envoie, pour prêcher l'Évangile et à panser les plaies des cœurs blessés. »
Ordination diaconale en 1971 (Jerzy est le 2éme à gauche)
stjeromeparish.ca/ fr_jerzy.asp
Il exerça d’abord ses fonctions pastorales en tant que vicaire de paroisse à Zabki, à proximité de Varsovie, de 1972 à 1975, puis à Anin de 1975 à 1978, et à Varsovie même, à la paroisse de l'Enfant Jésus.
En 1979-1980, il assura la catéchèse des étudiants en médecine à l'église académique Sainte-Anne à Varsovie.
Il fut également nommé membre du Corps consultatif national pour la pastorale du service de santé et, sur le territoire de l'archidiocèse de Varsovie, aumônier diocésain du personnel de santé.
A partir de mai 1980, il exerça son ministère dans la paroisse Saint-Stanislas-Kostka à Varsovie, où il dirigea la pastorale spécialisée du personnel de santé. Il organisait des rencontres religieuses de formation et de prière pour les étudiants en médecine, pour les infirmières des hôpitaux ainsi que pour les médecins. Il avait, dans son ministère pastoral, une prédilection pour le travail avec les enfants et les jeunes.
salesianity.blogspot.com/ 2010/06/father-jerzy...
Malheureusement, les problèmes de santé s'aggravèrent. En Janvier 1979, Jerzy s'évanouit même pendant la célébration de la Messe. Après quelques semaines de séjour à l'hôpital il ne retourne pas à son activité régulière de vicaire.
A partir d’août 1980, il s’engagea dans des activités pastorales auprès des travailleurs.
catholicwithattitude.blogspot.com/ 2010_06_01_..
Aumônier des Syndicats
En août 1980, pendant la grève du syndicat « Solidarność » – « Solidarité » aux aciéries Huta Warszawa de Varsovie, le Père Jerzy Popieluszko devint aumônier des ouvriers, à la demande des sidérurgistes et par nomination du Cardinal Primat Mgr Stefan Wyszynski qui, lui aussi, eut maille à partir avec le régime communiste polonais dans les années 50.
Cardinal Stefan Wyszynski (1901-1981)
continuingcounterreformation.blogspot.com/ 200...
Le Père Jerzy s'engagea profondément dans la pastorale des travailleurs et accompagna le syndicat pendant l' « état de guerre ». Il fut un ardent défenseur de l’idéal syndical de « Solidarność ». Chaque dimanche, il célébrait la messe pour eux. Il s'entretenait avec eux régulièrement tous les mois. Il organisa une sorte de « laboratoire » pour les travailleurs. Il dirigeait leur catéchèse, mais aussi à travers une série de conférences, il voulait les aider à acquérir des connaissances dans divers domaines comme l'histoire de la Pologne et de la littérature, de la doctrine sociale de l'Église, le droit, l’économie, et même les techniques de négociation.
www.andre-minetto.fr/ index.php/Droits-de-l-homme
En Octobre 1981, il fut nommé aumônier diocésain pour la santé et aumônier des employés des services de santé. Chaque semaine, la messe était célébrée dans la chapelle qu’il avait en partie aménagée.
Après le « coup d’État » du 13 décembre 1981 du Général Wojciech Jaruzelski, il avait pris la défense du syndicat « Solidarność », mis brutalement hors-la-loi.
Tous les mois, depuis cette date fatidique, le Père Popieluszko célébrait une « messe pour la patrie » dans sa paroisse Saint-Stanislas-Kotska, dans la banlieue de Varsovie. Cette messe regroupait des milliers de fidèles venant de Varsovie et de différentes régions de la Pologne. Il y prononçait de vibrantes homélies pour la justice sociale et le respect de la liberté de l’homme. Ses allocutions courageuses était enregistré par de nombreux militants sociaux chrétiens de « Solidarność », et diffusées par cassettes à travers toute la Pologne. Autant dire que le jeune prêtre était considéré comme un « dangereux agitateur » par les partisans du régime communiste polonais.
liberpress.blogspot.com/ 2010/06/jerzy-popielu....
Dans le collimateur de l’Etat
A l’automne 1983, une liste de « prêtres extrémistes » fut établie par le gouvernement du Général Jaruzelski et remise au Cardinal Józef Glemp, successeur de Mgr Stefan Wyszynski.
Prière était faite au nouveau Primat de Pologne de faire taire ces « gêneurs en soutane ».
Cardinal Józef Glemp (1929)
www.catholicnewsagency.com/ resource.php?n=192
Le Père Popielszko figurait en bonne place sur cette liste, en compagnie de deux évêques, Mgr Tokarczuk et Mgr Kraszewski, auxiliaire de Varsovie, et du confesseur de Lech Walesa, le Père Jankowski.
Dès décembre 1983, le Père Jerzy fut placé en garde à vue pendant deux jours. La police prétendait avoir découvert chez lui des armes et des explosifs, ainsi que des tracts de « Solidarność ». Au cours de la nuit suivant sa garde a vue, il échappa de justesse à un attentat, une grenade ayant explosé dans son vestibule après qu’un inconnu eut sonné à sa porte. Accusé d’ « abus de sacerdoce », le jeune prêtre fut convoqué treize fois par la milice, dans les quatre premiers mois de l’année 1984. Le porte-parole du gouvernement communiste, Jerzy Urban, aujourd’hui reconverti dans la presse pornographique et anticléricale, qualifiait Jerzy Popieluszko de « fanatique politique ».
Le Père Jerzy Popieluszko et Lech Walesa
cubanexilequarter.blogspot.com/ 2010/06/jerzy-...
La mort
Le vendredi 19 octobre 1984, le Père Jerzy revenait en voiture de son service pastoral à Bydgoszcz. A 22 heures, trois officiers de police arrêtèrent le véhicule en rase campagne, sous prétexte d’un contrôle d’alcooltest. Alors que son chauffeur et ami, Waldemar Chrotowski, parvint à s’enfuir en sautant en marche de la voiture des policiers, le prêtre resta entre leurs mains.
Pendant plusieurs jours, aucune nouvelle ne fut donnée sur le sort du Père Jerzy, jusqu’à ce que le 27 octobre, le capitaine Grzegorz Piotrowski déclara : « C’est moi qui l’ai tué, de mes propres mains ».
Le corps torturé de l’aumônier fut retrouvé noyé dans un lac artificiel formé par le barrage de Wloclawek, sur la Wisla (la Vistule) à une centaine de kilomètres au nord de Varsovie.
danlentieng.wordpress.com/.../
La nouvelle eut un impact impressionnant mais le peuple polonais y fit face sans céder à la colère ou à la violence, se souvenant des paroles que le Père Jerzy aimait à répéter : « Nous devons vaincre le mal par le bien ».
Les funérailles du Père Jerzy Popieluszko furent célébrées le 3 novembre 1984 à Varsovie. Son corps repose sur la terre de sa dernière paroisse, Saint-Stanislas-Kostka à Varsovie.
La foule rassemblée lors de la Messe de Funérailles du Père Jerzy Popieluszko
www.lepost.fr/article/ 2010/11/18/2309388_expo...
Tombe du Père Jerzy Popieluszko
Le Pape Jean-Paul II se recueillant sur la Tombe du Père Jerzy Popieluszko
www.pileface.com/sollers/ article.php3?id_arti...
Le témoignage
Le Martyre du Père Popieluszko a entraîné de nombreuses conversions, et même l’éclosion de vocations sacerdotales. Il a soudé davantage encore l’Église de Pologne et les militants de « Solidarność ».
Aux yeux de l’Église Universelle, il revêt la valeur d’un témoignage suprême contre l’oppression du totalitarisme athée.
Le 31 octobre 1982, le Père Jerzy déclarait :
« Pour rester un être libre intérieurement, il faut vivre dans la vérité. La vie dans la vérité, c'est de témoigner autour de soi, de reconnaître la vérité, la réclamer dans chaque situation. Nous ne sommes pas directement persécutés, nous ne sommes pas menacés de mort. Sommes-nous libres pour autant ? Le chemin de la liberté s'ouvre devant celui qui témoigne avec courage. Il nous en faut, du courage, pour témoigner de la vérité sur l'homme et sur la vie. La vérité ne change pas, on ne peut pas la détruire par des décisions ou des lois. »
Deux ans avant sa mort, il terminait ainsi un de ses sermons :
« Nous prions Dieu de nous donner l'espérance, car seulement ceux qui sont forts par l'espérance sont capables de surmonter toutes les difficultés ».
www.ttstm.com/2009/ 10/october-25-jerzy-popiel...
Que pouvons-nous tirer de la vie du Bienheureux Martyr Jerzy Popieluszko ?
Animé par une foi inébranlable, il eut le courage de défendre les idéaux de vérité, de liberté et de justice.
Il paya le prix suprême pour être resté fidèle à sa vocation.
Il symbolise la grandeur et la sainteté de l'homme, les valeurs que nous devons défendre toujours et partout si nous voulons vivre dans un état libre, démocratique et respectueux de la Foi chrétienne.
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Il répétait souvent :
« Nous devons vaincre le mal par le bien ».
Cette phrase fait écho à un passage de la Première Lettre de saint Pierre :
« Et qui vous ferait du mal, si vous devenez zélés pour le bien ? Heureux d'ailleurs quand vous souffririez pour la justice ! N'ayez d'eux aucune crainte et ne soyez pas troublés. Au contraire, sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur Christ, toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur et respect, en possession d'une bonne conscience, afin que, sur le point même où l'on vous calomnie, soient confondus ceux qui décrient votre bonne conduite dans le Christ. Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si telle était la volonté de Dieu, qu'en faisant le mal. » (1 P 3,13-17)
Reliques du Bienheureux Jerzy Popieluszko portées en procession
lors de la Messe de Béatification à Warsovie
www.dailymail.co.uk/ news/worldnews/article-12...
Icône moderne représentant le Bienheureux Martyr Jerzy Popieluszko
imagessaintes.canalblog.com/. ../02/18099370.html
Notre-Dame de Częstochowa, Patronne de la Pologne
Sanctuaire de Jasna Góra
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Frère Bruno
le 12 Décembre 2010, 3ème Dimanche de l’Avent
(Notre-Dame de Guadalupe) |
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