« Avec Jésus et Marie, le Bonheur, l’Allégresse, l’Eternité ! »

 

Sainte Bernadette Soubirous,

l’humble messagère de l’ « Immaculée Conception »

(1844-1879)

 

 

 

 

 

 

Je vous propose de nous intéresser à une humble figure de l’Eglise qui fait le lien entre deux lieux assez éloignés par les kilomètres mais très proches par l’histoire : Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, et Nevers, dans la Nièvre… Lourdes est sans aucun doute le centre de pèlerinage le plus connu dans l’Hexagone ainsi que dans le monde entier, et le plus fréquenté. De nombreux diocèses organisent leur pèlerinage annuel à Lourdes en été. Mais tout au long de l’année, un flot ininterrompu de fidèles, malades ou en bonne santé, jeunes et moins jeunes, arrive à Lourdes. Notons le Pèlerinage du Rosaire organisé par les Dominicains, le Pèlerinage Montfortain, le Pèlerinage International Militaire… Je pense que vous avez certainement reconnue cette « petite sainte » : Bernadette Soubirous.

 

 

En 1858, la Vierge Marie, l’ « Immaculée Conception », apparaît à une jeune fille, Bernadette Soubirous. Cette dernière deviendra religieuse au couvent de Saint-Gildard à Nevers. De Lourdes à Nevers, du Moulin de Boly à Saint-Gildard, du Cachot au Cloître, que de bouleversements dans la vie de Bernadette !

 

 

 

Bernadette à Lourdes

 

Bernadette naquit le 7 janvier 1844. Elle est la fille aînée d'un meunier ruiné, François, et de sa femme Louise. En proie à une extrême pauvreté, la famille Soubirous va se retrouver, pour vivre ou plutôt survivre, dans une ancienne prison appelée le Cachot - lieu toujours aussi émouvant et que l’on peut encore visiter de nos jours -. Bernadette souffrira la maladie, la faim, l'exclusion, l'incertitude des lendemains, le mépris de la part de ceux qui ont tout. Elle sait à peine lire et écrire. C'est une adolescente de son temps qui subit les conséquences de l'industrialisation naissante. L'amour des siens et la foi en Dieu, la font marcher, digne, dans les rues de Lourdes. En 1857, ses parents l’envoient à Bartrès, à quelques kilomètres de Lourdes. Ce petit village fut important dans la vie de Bernadette. En novembre 1844, elle avait été confiée aux bons soins de sa nourrice, Marie Lagües. Elle retourne chez Marie Lagües 13 ans plus tard mais, cette fois-ci, en tant qu’aide de ferme car Bernadette est « une bouche de trop à nourrir » dans une famille où la faim est devenue une réalité. Épuisée par le travail (garde des enfants de la nourrice, travail de la ferme, garde des agneaux à la bergerie), Bernadette n’a pas le temps de suivre le catéchisme du curé de Bartrès. Marie Lagües, le soir à la veillée, lui enseigne la foi catholique. L’élève a bien du mal à retenir toutes les leçons, au grand dam de son ancienne nourrice.

 

Finalement, le 21 janvier 1858, Bernadette revient à Lourdes pour préparer sa Première Communion.  Les pèlerins qui vont à Bartrès aujourd’hui peuvent voir la bergerie où Bernadette emmenait ses troupeaux, la maison de Marie Lagües (la maison Burg) et l’église paroissiale.

 

Au cœur de cette réalité, le « Ciel » va se pencher sur elle ! Bernadette fait l'expérience inattendue de la rencontre avec « la Dame de Massabielle ». Dieu lui donne de connaître son Amour qui bouleverse l'ordre établi par les hommes : à l'heure où tous ceux qui savent tout et qui détiennent le pouvoir affirment avec une belle assurance que la raison suffit pour refaire le monde, Dieu va chercher une fille qui ne comprend même pas le français et qui parle une patois des montagnes.  « C'est parce que j'étais la plus pauvre et la plus ignorante que la Sainte Vierge m'a choisie. » dira plus tard Bernadette. Le 11 février 1858, Bernadette sa sœur et une amie font ramasser du bois à la grotte de Massabielle… Soudain, un bruit comme un coup de vent… Une « jeune fille vêtue de blanc avec une ceinture bleue » apparaît pour la première fois à Bernadette. « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici quinze jours ? » La belle Demoiselle a dit « vous »… et Bernadette a dit « oui ». Librement. « Oui », sans inquiétude quand de grands médecins très savants, venus tout exprès pour la voir, parlent d'elle avec des mots énormes « catalepsie », « hystérie »… « Oui » sans peur quand on la menace de prison. « Oui » sans trouble devant ceux qui la traitent de menteuse ou qui l'appellent « la jolie Sainte » en voulant lui arracher un bout de foulard, de robe ou une mèche de cheveux.

 

 

 

 

 

Bernadette à Nevers

 

Avec humilité, elle sollicite son entrée dans une Congrégation présente dans des hôpitaux, des hospices et des écoles, alors qu'elle est sans savoir, sans savoir-faire, sans bagage… Quel bel exemple pour nous ! Plusieurs Congrégations de Religieuses firent des « avances » à Bernadette. Mais elle choisit finalement la Congrégation des Sœurs de la Charité de Nevers, fondée par un Bénédictin,  Dom Jean-Baptiste de Laveyne (1653-1719).

 

Après un long voyage, le soir du 7 juillet 1866, Bernadette franchit le seuil de la Maison-Mère, Saint-Gildard à Nevers. Elle avait connue ces Religieuses à l'Hospice de Lourdes.  Elle prend ainsi le chemin d'Evangile proposé par cette Congrégation qu'elle a choisie. Le Fondateur écrivait : « Votre grande règle est celle que le Christ vous a prescrite : la Charité. » A son arrivée au couvent, Bernadette a pu lire ces mots, gravés dans la pierre du fronton de la Maison : « Dieu est Charité ». Ils rejoignent l'expérience déjà inscrite dans son cœur, celle de l'amour surprenant de Dieu pour tout homme. Son nom de Religieuse est sœur Marie-Bernard.

 

Pendant 13 ans, Bernadette restera à Saint-Gildard, successivement aide-infirmière, responsable de l'infirmerie, sacristine mais souvent malade elle-même… A Nevers, dans une vie humble et cachée, elle portera dans son être une profonde solidarité avec les plus pauvres. Attachée à Jésus qui a aimé jusqu'à donner sa vie, elle cherchera à traduire dans chacun de ses gestes et de ses mots, le désir de son cœur : « Je ne vivrai pas un instant que je ne le passe en aimant ».

 

Souvent malade dans les derniers temps de sa vie, Bernadette fait de longs séjours à l'infirmerie Sainte Croix qu’elle appelle sa « chapelle blanche ». Ses visiteurs disent : « On la quitte plus fort et plus assuré qu'on est venu. » Comme les malades, Bernadette connaît l'humiliation de la dépendance, la souffrance de l'inutilité, mais de cette humiliation, de cette souffrance, elle fait un lieu d'ouverture aux autres, un lieu de solidarité profonde avec tous ceux qui vivent la même traversée : « Assurément, je n'aurai pas choisi cette inaction où je suis réduite », « Ma prière est ma seule arme… » Bernadette n'est ni passive, ni repliée sur elle-même. Elle reste en perpétuel éveil pour ne pas se laisser immerger dans la souffrance. Ses proches décrivent combien « les souffrances de sa dernière maladie étaient atroces. La poitrine épuisée était tout en feu ; les os du genou rongés par une carie dévorante ». Ces semaines vécues à l'infirmerie Sainte Croix sont, pour Bernadette, un temps d'épreuve physique bien sûr mais aussi d'épreuve spirituelle, de « nuit » de la foi. Mais sa force, sa confiance, elle va les demander à Jésus, les puiser en Jésus sur la Croix. Le mercredi 16 avril 1879, dans la semaine de Pâques, au milieu de l'après midi, c'est « l'heure » où l'aventure intérieure de Bernadette arrive à son accomplissement. Comme Jésus, elle remet sa vie entre les mains de Dieu, ce Dieu qui est « notre Père et qui a pour nous une tendresse infinie ».

 

 

Carnet de notes intimes

 

Sœur Marie-Bernard a laissé en plus des récits autographes des Apparitions un Carnet de notes intimes. On y trouve des prières, des pensées, des extraits de ses lectures, des notes prises lors de retraites… En voici quelques lignes :

 

- Ce qui me regarde ne me regarde plus, je dois être, dès ce moment, entièrement à Dieu, et à Dieu seul. Jamais à moi.

 

- Jésus vint sur terre pour être mon modèle. A l’exemple de Jésus, je veux me mettre à sa suite et marcher généreusement sur ses traces.

 

- Jésus, mon Dieu, je vous aime par-dessus toutes choses.

 

- O mon très Aimable Jésus, c’est vers vous seul que montent les soupirs de mon cœur.

 

- O très Sainte Mère de mon Jésus, qui avez eu et avez senti l’extrême désolation de votre cher Fils, assistez-moi dans le temps de la mienne.

 

- Je retourne à vous, ô Père de miséricorde ! Recevez-moi, ô Dieu de toute consolation ! Soutenez-moi de voter grâce, et faites que tant de douleurs et tant d’amour ne me soient point inutiles.

 

- Jésus donne tout à celui qui a tout quitté.

 

- Pour la plus grande gloire de Dieu, l’important n’est pas de faire beaucoup, mais de bien faire.

 

- Oh, oui, mon Jésus ! Soyez seul désormais mon tout et ma Vie : je vous suivrai partout où vous irez… Allons, mon âme, courage. Un jour encore, à la suite de Jésus et de Marie, gravissant le Calvaire… Et puis, avec Jésus et Marie, le Bonheur, l’Allégresse, l’Eternité !

 

 

 

Fr. B