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Dimanche 15 octobre 2006, Place Saint-Pierre, des milliers de sourds étaient présents et l’événement était « traduit » en langue des signes sur écran géant. Ils s’étaient déplacés pour la messe de canonisation du bienheureux Philippe Smaldone, présidée par le Pape Benoît XVI. Sa béatification avait été célébrée par le Vénérable Jean-Paul II le 12 mai 1996. Sa Mémoire a été fixée le 4 juin au Calendrier liturgique.
Enfance en des temps troublés
Filippo Smaldone naquit le 27 juillet 1848 à Naples, alors capitale du Royaume des Deux-Siciles, gouverné par une branche espagnole des Bourbons. Ce fut une époque troublée. L’année 1848 a vu « l’insurrection de Naples ».
Filippo fut élevé très chrétiennement dans une famille pauvre. Alors qu’il n’avait que douze ans, eut lieu la chute politique de la monarchie des Bourbons à laquelle cette famille était fortement liée. Giuseppe Garibaldi poursuivait sa conquête de l’Italie et l’Église Catholique vécut des moments très difficiles. L’Eglise napolitaine, particulièrement touchée, traversa des instants dramatiques, spécialement avec l’exil de son Archevêque, le Cardinal Sisto Riario Sforza. Bref, toute cette période fut marquée par des années où les difficultés et les tensions, au sein de la société italienne et dans l’Église, furent particulièrement importantes et douloureuses.
L’enfant, au lieu de céder à la peur, préféra, au contraire, s’engager au service de cette Église persécutée.
Séminariste et Prêtre
Les temps n’étaient certainement pas favorables et ne promettaient rien de bon pour l’avenir, spécialement pour la jeunesse, qui subissait les changements difficiles d’une société fragile et sans cesse en mouvement sur les plans sociologique, politique et religieux. C’est précisément dans cette période de crise institutionnelle et sociale, que Filippo, d’abord attiré vers la vie missionnaire, prit la décision irrévocable de se faire prêtre et de s’engager pour toujours au service de l’Église, envers laquelle se développaient de nombreuses oppositions et de multiples persécutions.
Pendant qu’il était encore étudiant en philosophie, il voulut mettre son avenir ecclésiastique sous le signe du service charitable, se consacrant à l’assistance d’une partie importante de la population mise au ban de la société et souvent abandonnée en ces temps-là à Naples : les sourds-muets.
C’est à la suite d’une coïncidence dramatique dans la rencontre à l’église d’un enfant sourd-muet, désespéré et inconsolable entre les bras de sa mère, qu’il prit cette décision. Sa mission devait s’accomplir auprès des plus faibles, des sourds-muets en particulier. Il n’avait pas encore terminé ses études au séminaire qu’il se livrait donc au service des sourds-muets qui étaient alors fort négligés à Naples.
Mais ses études pâtirent quelque peu de ce service absorbant. Ses notes étant jugées insuffisantes pour accéder aux Ordres Mineurs, il dut quitter le séminaire.
Néanmoins, il put poursuivre ses études, car l’Archevêque de Rossano Calabro, Mgr Pietro Colento, qui l’admirait, lui ouvrit les portes de son séminaire. Philippe ne tardera pas à être réintégré dans son diocèse d’origine. C’est cependant Mgr Colento qui tint à l’ordonner personnellement sous-diacre puis diacre, dans la cathédrale de Naples. Quant à l’ordination sacerdotale, il la reçut avec une joie indicible au fond de son cœur plein de bonté et de douceur le 23 septembre 1871, muni d’une dispense, n’ayant pas atteint l’âge réglementaire de 25 ans.
Ministère de Don Smaldone
Dès son ordination sacerdotale, Don Smaldone commença un fervent ministère, à la fois comme catéchiste dans des groupes de prière du soir qu’il avait fréquentés avec grand profit encore enfant, comme collaborateur dévoué dans plusieurs paroisses, spécialement de la paroisse Santa-Catarina in Foro Magno, ainsi que comme visiteur assidu et apprécié par les malades dans des cliniques, dans des hôpitaux et chez des particuliers.
Par sa charité, il parvint au sommet de la générosité et de l’héroïsme au moment d’une grave peste qui frappa la ville de Naples ; il tomba lui-même malade jusqu’à l’épuisement et il fut sur le point de perdre la vie ; il fut cependant guéri par Notre-Dame de Pompéi, pour laquelle il eut toute sa vie une dévotion particulière.
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Il envisagea à nouveau de partir comme missionnaire en Chine, mais son confesseur qui le suivait depuis son enfance lui déclara que, pour lui, la Chine, c’étaient les sourds-muets. Filippo gardera toute sa vie cette flamme missionnaire.
Dès lors, il se consacra totalement à l’apostolat parmi les sourds-muets, qui lui étaient chers. Il le fit avec toute son énergie en employant des méthodes plus appropriées que celles de l’époque qui produisaient bien peu de fruits, malgré la bonne volonté des éducateurs.
Souvent d’ailleurs, on considérait les sourds-muets comme des païens et ils étaient mis au ban de la société napolitaine. Au service de ces malades, il acquit une grande compétence pédagogique et il put envisager de fonder une institution qui se consacrerait à leur éducation humaine et chrétienne. Il eut l’intuition qu’il devrait œuvrer en leur faveur dans toute l’Italie méridionale, « il Mezzogiorno ».
Don Smaldone à Lecce
Le 25 mars 1885, il partit pour la ville de Lecce dans les Pouilles, afin d’ouvrir, avec un autre prêtre, Don Lorenzo Apicella, un Institut pour sourds-muets.
Il y fit venir quelques « religieuses », que lui-même avait formées, et il jeta ainsi les bases de la Congrégation des Sœurs Salésiennes des Cœurs Sacrés, qui, ayant reçu la bénédiction et les encouragements des évêques successifs de Lecce, Mgr Salvatore Luigi dei Conti Zola et Mgr Gennaro Trama, eut un développement rapide et important. Il y aura aussi une branche masculine.
Don Smaldone fut d’abord mal accueilli à Lecce, ville marquée par le laïcisme et il dut mener une lutte acharnée pour défendre son œuvre. Peu à peu, celle-ci se développa. Il fonda aussi à Bari, puis à Salerno. Par ces réalisations sociales, il fut en avance sur son temps. Sa charité et sa compassion ne se limitaient pas aux sourds-muets. Il ne savait pas dire non à la demande de nombreuses familles pauvres ; aussi, commença-t-il à accueillir, en plus des sourds-muets, des filles aveugles, des petites filles orphelines et abandonnées. Plus largement, il était attentif à toutes les nécessités humaines et morales de l’ensemble de la jeunesse. Il ouvrit donc plusieurs maisons, en y adjoignant des écoles maternelles, des ateliers pour jeunes filles, des pensions pour étudiantes, dont une à Rome.
Avant tout, il eut le souci d’évangéliser suivant ce qu’il appelait « la pédagogie de l’amour ». Sa spiritualité sacerdotale intense et solide fut marquée par la prière continuelle, notamment l’adoration du Saint Sacrement, et la pénitence. Il fonda la Ligue eucharistique des Prêtres adorateurs et des Dames adoratrices. En contact avec les Salésiens depuis son arrivée à Lecce, il fut aussi supérieur de la Congrégation des Missionnaires de Saint François de Sales pour les missions populaires. Il exerça une grande activité de directeur spirituel, confessant les séminaristes, les prêtres et les religieuses. Pour tout cela, il fut décoré de la Croix «Pro Ecclesia et Pontifice », compté parmi les chanoines de la Cathédrale de Lecce et même décoré par les Autorités Civiles.
La mort de Don Smaldone
Don Filippo Smaldone termina ses jours à Lecce, supportant, avec une sérénité admirable, un diabète associé à des complications cardiaques et circulatoires et à une sclérose qui se généralisait. Le 4 juin 1923 à 21 heures, après avoir reçu le soutien spirituel et la bénédiction de son archevêque, Monseigneur Trama, il mourut saintement à l’age de 75 ans, entouré de plusieurs prêtres, de sœurs et de sourds-muets.
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« Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits… »
Comment ne pas penser, après ces quelques pages sur la vie de Saint Filippo Smaldone, à ces versets de l’évangile selon saint Matthieu : « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.” » (Mt 25,31-40)
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Sa Sainteté le Pape Benoît XVI avait déclaré le jour de la canonisation du Père Filippo Smaldone :
« Tirons de son exemple l’invitation à considérer toujours comme indissociables l’amour pour l’Eucharistie et l’amour pour le prochain. Plus encore, la véritable capacité d’aimer nos frères ne peut nous venir que de la rencontre avec le Seigneur dans le sacrement de l’Eucharistie. »
Quelques citations de saint Filippo Smaldone
« Toutes les pensées qui amènent inquiétude et affliction ne sont pas de Dieu qui est la source de la paix. »
« Le mérite des croix n’est pas dans leur poids mais dans la manière de les porter. »
« Le Seigneur attend de nous le détachement : acceptons-le résolument. »
« Pour ne pas vous perdre, mettez vos pieds sur le très saint sentier du Christ. »
« Notre but ultime est Dieu pour lequel nous œuvrons. »
« L’humilité est la vertu qui donne connaissance et juste estime de soi, elle cherche à ne pas se mettre en lumière. »
« La pureté est pleine de délices puisqu’elle nous fait goûter la profonde joie de la vision de Dieu. »
« Ceux qui prétendent avoir part à la gloire de Jésus doivent avant tout avoir part à la croix de Jésus. »
Celui qui veut construire un très haut édifice ne doit pas oublier que les fondations doivent être plus profondes. »