« RÉJOUIS-TOI, RAYONNEMENT DE JOIE ! »

La Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu

 

 

 

Vierge de Smolensk (Oratoire de l’Ermitage Saint Benoît – Saint Romuald ; photo TL)

 

 

 

« Dieu, très bienveillant et très sage, voulant accomplir la rédemption du monde, “lorsque les temps ont été révolus, a envoyé son Fils, qui est né d'une femme... afin de faire de nous des fils adoptifs” (Ga 4,4-5). Pour nous hommes et pour notre salut il est descendu du ciel et s'est incarné par l'oeuvre de l'Esprit-Saint dans la Vierge Marie. Ce divin mystère du salut nous est révélé et se continue dans l'Église, que le Sauveur a constituée comme son corps et dans laquelle les fidèles, adhérant au Christ comme à leur Tête et vivant en communion avec tous ses saints, doivent également vénérer le souvenir avant tout de la glorieuse et toujours Vierge Marie, Mère de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

(Concile Vatican II, constitution dogmatique  « Lumen Gentium » sur l’Eglise,

« La Bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Eglise », § 52)

 

 

 

 

 

Marie dans la Liturgie

 

Dès le début de la Messe, il est fait mention de Marie. « C’est pourquoi je supplie la Vierge Marie… » récitons-nous dans le « Confiteor » – le « Je confesse à Dieu ».

 

Bien évidemment, le « Symbole des Apôtres » (« Je crois en Dieu »), texte très ancien qui dit la foi de l’Eglise, parle de Marie, comme le « Symbole de Nicée-Constantinople » (« Je crois en Un Seul Dieu »), plus développé. Ces deux « Credo » nous disent que Jésus est né la Vierge Marie.

 

Dans les différentes Prières Eucharistiques, le nom de Marie est cité. En voici quelques exemples :

-         « Dans la communion de toute l’Eglise, nous voulons nommer en premier lieu la bienheureuse Marie toujours Vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur, Jésus Christ… » (Prière Eucharistique I),

-         « Rassemble-nous un jour près de toi, avec la Vierge Marie, la Mère du Christ et notre mère, pour la grande fête du ciel dans ton royaume. » (Prière Eucharistique II pour assemblées d’enfants),

-         « Aide-nous tous à préparer la venue de ton règne jusqu’à l’heure où nous serons devant toi, saints parmi les saints du ciel, aux côtés de la Vierge Marie… » (Prière Eucharistique I pour la réconciliation).

 

 

Colonne de Marie (Marienplatz, Munich, Allemagne ; photo TL)

 

 

 

Dans tous les couvents et monastères du monde, les religieuses et les religieux, les moines et les moniales chantent une antienne mariale après l’Office de Complies ; la plus connue est le « Salve Regína » (Salut, Reine).

 

Dans les monastères bénédictins, en général, à partir des Premières Vêpres du Premier Dimanche de l’Avent, l’Antienne Mariale « Alma Redemptóris Mater » (Sainte Mère du Rédempteur) remplace le « Salve Regina » et est entonnée jusqu’au Mardi gras. En Carême, c’est l’ « Ave Regína cælorum » (Salut, Reine des cieux), et pendant le Temps pascal, le « Regína cæli » (Reine du ciel) qui sont chantés.

 

 

Vierge à l’Enfant (Crypte de la Basilique des Saints Apôtres, Rome, Italie ; photo TL)

 

 

 

L’année liturgique est émaillée de fêtes dédiées ou liées à Marie :

-         l’« Immaculée Conception », le 8 décembre ;

-         « Sainte Marie Mère de Dieu », le 1° janvier ;

-         la « Présentation du Seigneur », le 2 février ;

-         « Notre-Dame de Lourdes », le 11 février ;

-         l’« Annonciation du Seigneur », le 25 mars ;

-         « Notre-Dame de Fatima », le 13 mai ;

-         la « Visitation de la Vierge Marie », le 31 mai ;

-         le « Cœur immaculé de Marie », le lendemain du Sacré-Cœur ;

-         « Notre-Dame du Mont-Carmel », le 16 juillet ;

-         la « Dédicace de la Basilique Sainte-Marie Majeure », le 5 août ;

-         l’« Assomption de la Vierge Marie », le 15 août ;

-         « la Vierge Marie Reine », le 22 août ;

-         la « Nativité de la Vierge Marie », le 8 septembre ;

-         le « Saint Nom de Marie », le 12 septembre ;

-         « Notre-Dame des Douleurs », le 15 septembre ;

-         « Notre-Dame du Rosaire », le 7 octobre ;

-         la « Présentation de la Vierge Marie », le 21 novembre.

 

 

Cœur Immaculé de Marie

 

 

N’oublions pas toutes les cathédrales, églises et chapelles, les fêtes locales et les pèlerinages, connus et moins connus, consacrés à la Mère de Dieu dans l’Hexagone :

-         Pontmain en Mayenne,

-         Lourdes dans les Hautes-Pyrénées,

-         Rocamadour dans le Lot,

-         La Salette en Isère,

-         Notre-Dame de Folgoët près de Quimper,

-         Notre-Dame des Lumières dans le Vaucluse,

-         Notre-Dame de la Garde à Marseille, appelée affectueusement « la Bonne Mère »,

-         Notre-Dame de Fourvière à Lyon,

-         Notre-Dame du Laus près de Gap,

-         Notre-Dame du Puy au Puy-en-Velais,

-         La Médaille Miraculeuse et la Cathédrale Notre-Dame à Paris,

-         Notre-Dame de Laghet près de Nice,

-         Notre-Dame des Grâces à Cotignac,

-         Notre-Dame de Consolation à Hyères,

-         Notre-Dame de la Garoupe à Antibes.

... La liste est longue… La France est véritablement un pays marial ! Louis XIII lui-même consacra solennellement le Royaume de France à la Vierge Marie le 10 février 1638. C’est lui qui décida de faire du 15 août la fête patronale de la France.

 

 

Vierge à l’Enfant (Façade ouest, Cathédrale Notre-Dame, Paris ; photo TL)

 

 

Chapelle de la Médaille Miraculeuse (Paris ; photo TL)

 

 

 

Marie dans la théologie

 

Il y a relativement peu de passages dans les définitions dogmatiques qui traitent explicitement de Marie. La plupart du temps, la doctrine de sa maternité divine est étroitement reliée à la christologie. Cela signifie que tout ce qui a été dit de Marie découle obligatoirement de ce qui l’a été de Jésus.

 

Permettez-moi, à ce sujet, de citer ces magnifiques textes extraits du Concile Vatican II. Voici ce que rappelle sa Constitution dogmatique sur l’Eglise « Lumen gentium » :

- « Unique est notre Médiateur selon les paroles de l’Apôtre (saint Paul) : “ Car, il n’y a qu’un Dieu, il n’y a aussi qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est donné en rançon pour tous ” (1 Tm 2,5-6). Mais le rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu. » (§ 60)

- « À partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au jour de l’Annonciation et qu’elle maintint dans sa fermeté sous la croix, cette maternité de Marie dans l’économie de la grâce se continue sans interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls ou les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse. C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Eglise sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ. Aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous des formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout comme l’unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures, ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source. Ce rôle subordonné de Marie, l’Eglise le professe sans hésitation ; elle ne cesse d’en faire l’expérience ; elle le recommande au cœur des fidèles pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s’attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur. » (§ 62)

Ces précisions données par le Saint Concile sont éminemment importantes quant à notre foi en Jésus Christ, Unique Sauveur du genre humain, et notre dévotion envers Marie.

 

 

Christ Pantocrator

(Oratoire de l’Ermitage Saint Benoît – Saint Romuald ; photo TL)

 

 

 

Saint Ambroise (v. 340-397), évêque de Milan, a écrit que, « pour l’Eglise, Marie est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ ».

Pour le Chrétien, Marie sera toujours Celle qui a dit « oui », elle marche à la tête du Peuple de Dieu. En ce sens, nous pouvons lui adresser nos prières :

« La première en chemin,

Marie tu nous entraînes

à risquer notre oui aux imprévus de Dieu.

Et voici qu’est semé,

en argile incertaine de notre humanité,

Jésus Christ, Fils de Dieu.

Marche avec nous, Marie, sur nos chemins de foi,

ils sont chemins vers Dieu, ils sont chemins vers Dieu. » (chant V 565)

 

 

 

Marie dans les textes et les hymnes

 

De nombreux textes et hymnes ont été écrits sur Marie. En voici deux.

Ce texte est de Saint Augustin, Évêque et Docteur de l’Eglise (354-430) :

« Marie est devenue fenêtre du ciel : par elle, Dieu a répandu sur le monde la véritable lumière. Marie est devenue échelle céleste : par elle, Dieu est descendu vers la terre, pour que, par elle, les hommes puissent monter vers le ciel ; il sera permis, en effet, d’y monter, à ceux qui auront cru que c’est par la Vierge Marie que Dieu est descendu sur terre. »

Le titre de cet article, « Réjouis Toi, Rayonnement de Joie », est tiré d’une des versions de l’ « Hymne acathiste à la Mère de Dieu », de la Tradition orientale. Très ancienne dans la Liturgie byzantine, l’hymne originale est en grec. Elle est appelée « acathiste » parce qu’elle est chantée debout. C’est un poème acrostiche alphabétique, chacune des 24 strophes commençant par l'une des lettres de l'alphabet grec (les traductions en français n’en tiennent pas compte). Je vous en propose un extrait :

Réjouis-toi, rayonnement de joie,

Réjouis-toi, par qui le mal a disparu,

Réjouis-toi, tu relèves Adam de sa chute,

Réjouis-toi, par toi Ève ne pleure plus.

Réjouis-toi, montagne inaccessible aux pensées des hommes,

Réjouis-toi, abîme impénétrable même aux anges,

Réjouis-toi, car tu deviens le trône et le palais du roi,

Réjouis-toi, porteuse de Celui qui porte tout.

Réjouis-toi, étoile annonciatrice du soleil levant,

Réjouis-toi, par qui Dieu devient petit enfant,

Réjouis-toi, car tu renouvelles toute créature,

Réjouis-toi, en toi nous adorons le Créateur.

Réjouis-toi, mystère de la Sagesse divine,

Réjouis-toi, foi de ceux qui prient en silence,

Réjouis-toi, qui as part aux miracles du Christ,

Réjouis-toi, miracle proclamé par les anges.

 

 

Vierge à l’Enfant (église de la Madeleine, Paris ; photo TL)

 

 

 

Marie dans Bible

 

Dans les Saintes Ecritures, c’est tout spécialement dans les évangiles que nous trouvons des textes sur Marie. Ces textes sont peu nombreux, mais si nous regardons de plus près, nous nous apercevons très vite que ces passages sont des moments importants dans la vie de Jésus, et donc de sa mère.

Le nom de « Marie » est cité 18 fois dans les évangiles (5 fois en Matthieu, 1 fois en Marc, 12 fois en Luc) et 1 fois dans les Actes des Apôtres.

 

 

 

Marie dans les évangiles de l’Enfance

 

Comme son nom l’indique, les évangiles de l’Enfance nous relatent les premières années de Jésus (chapitres 1 et 2 de Matthieu, chapitres 1 et 2 de Luc).

 

 

Dans l’évangile selon saint Matthieu

 

Les premières évocations de Marie se situe à la fin de la généalogie de Jésus au chapitre 1 :

« … Jacob engendra Joseph, l’époux de MARIE, de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ. » (Mt 1,16) « Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ. MARIE, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret. Il avait formé ce projet, lorsque l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : “ Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi MARIE, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. ” Tout cela arriva pour que s'accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d'Emmanuel, qui se traduit : “ Dieu-avec-nous ”. Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse, mais il n'eut pas de rapports avec elle ; elle enfanta un fils, auquel il donna le nom de Jésus. » (Mt 1,18-25)

 

 

Dans l’évangile selon saint Luc

 

Une tradition veut que Luc ait peint une icône de Marie… Par là, on signifie que Luc est celui qui « dépeint » le mieux la personne de Marie. La première péricope qui nous parle de Marie est l’ « Annonciation » :

« Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était MARIE. L'ange entra chez elle et dit : “Réjouis-toi, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi.” A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'ange lui dit alors : “Sois sans crainte, MARIE, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin.” MARIE dit à l'ange : “Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ?” L'ange lui répondit : “L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : la femme stérile. Car rien n'est impossible à Dieu.” MARIE dit alors : “Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole.” Alors l'ange la quitta. » (Lc 1,26-56)

 

 

l’Annonciation (Philippe de Champaigne)

 

 

Ces deux textes (Mt 1 et Lc 1) sont très importants pour notre foi chrétienne. Ils sont liés à ce que l’on appelle la « Maternité divine de Marie ». A ce propos, lisons, pour nous éclairer, ce qu’en avait dit le Pape Jean-Paul II le 7 janvier 2004 :

« Marie, Mère de Dieu ! Cette vérité de foi, profondément liée aux fêtes de Noël, est particulièrement soulignée dans la liturgie du premier jour de l’année, solennité de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu. Marie est la Mère du Rédempteur; elle est la femme élue par Dieu pour réaliser le projet salvifique centré sur le mystère de l’incarnation du Verbe divin. Une humble créature a engendré le Créateur du monde ! Le temps de Noël renouvelle notre conscience de ce mystère, en nous montrant la Mère de Dieu comme co-participante aux événements culminants de l’histoire du salut. La tradition séculaire de l’Eglise a toujours considéré la naissance de Jésus et la maternité divine de Marie comme deux aspects de l’incarnation du Verbe. “En effet, - répète le Catéchisme de l’Eglise catholique en citant le Concile d’Ephèse - Celui que Marie a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son Fils selon la chair, n’est autre que le Fils éternel du Père, la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité. L’Eglise confesse que Marie est véritablement Mère de Dieu, (Theotokos).” Du fait que la Vierge est la “Mère de Dieu” dérivent tous les autres aspects de sa mission ; des aspects soulignés de manière particulière par les titres avec lesquels la communauté des disciples du Christ l’honore dans toutes les parties du monde. Tout d’abord, ceux d’ “Immaculée” et d’ “Elevée au Ciel”, car Celle qui devait engendrer le Sauveur ne pouvait évidemment pas être sujette à la corruption dérivant du péché originel. La Vierge est en outre invoquée comme la Mère du Corps mystique, c’est-à-dire de l’Eglise. Le Catéchisme de l’Eglise catholique, en se référant à la tradition patristique exprimée par saint Augustin, affirme qu’Elle “est aussi vraiment Mère des membres du Christ... ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l’Eglise des fidèles qui sont les membres de ce Chef.” L’existence tout entière de Marie est liée de façon plus qu’étroite à celle de Jésus. A Noël, c’est Elle qui offre Jésus à l’humanité. Sur la Croix, au moment suprême de l’accomplissement de la mission rédemptrice, ce sera Jésus qui fera don à chaque être humain de sa Mère, comme héritage précieux de la rédemption. Les paroles du Seigneur crucifié à son fidèle disciple Jean constituent son testament. Il confie sa Mère à Jean et, dans le même temps, il remet l’Apôtre et chaque croyant à l’amour de Marie. Au cours de ces derniers jours du temps de Noël, arrêtons-nous pour contempler dans la crèche la mère de l’Enfant Jésus. Elle nous réserve le même amour, la même attention qu’elle a eu pour son divin Fils. Laissons-la donc guider nos pas au cours de l’année nouvelle, que la Providence nous donne de vivre. »

 

Après l’annonce que lui fit l’Ange Gabriel,

«… MARIE se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. » (Lc 1,39)

C’est la « Visitation ».

«…Or, quand Élisabeth entendit la salutation de MARIE, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte : “Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.” » (Lc 1,41-45) « MARIE dit alors : “Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur…” » (Lc 1,46-47) C’est le Cantique du « Magnificat » que l’on chante tous les soirs à Vêpres. « MARIE demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle. » (Lc 1,56)

Avec les mots de l’Ange Gabriel et ceux d’Elisabeth, on a composé le « Je vous salue Marie ». Cette prière vénérable plonge ses racines au plus profond de la Parole de Dieu. Lorsque nous récitons le « Chapelet » ou l’ « Angelus », monte en écho dans nos cœurs la promesse de notre Rédemption !

 

Puis vint le jour de la naissance de Jésus.

« Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il venait se faire inscrire avec MARIE, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu'ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune. » (Lc 2,4-7)

Avertis par des anges de la naissance de l’enfant, des bergers

« découvrirent MARIE et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers. MARIE, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur. » (Lc 2,16-19)

 

 

Crèche dans une vitrine (Rome, Italie, Noël 2008 ; photo TL)

 

 

Que pouvons-nous attendre de la Vierge Marie ? Elle nous donne sans cesse son Fils Jésus. A son exemple, méditons dans notre cœur la vie de Jésus, ce qu’il nous dit dans l’Evangile, et essayons de le vivre humblement…

 

 

 

La Présentation de Jésus au Temple

 

Le mois de févier s’ouvre par la magnifique fête de la « Présentation du Seigneur » au Temple de Jérusalem, célébrée le 2. Nos Frères Chrétiens d’Orient l’appelle la « Sainte rencontre ».

 

Lisons d’abord le texte évangélique en saint Luc :

« Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l'Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l'enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple. » Le père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. Syméon les bénit, puis il dit à MARIE sa mère : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. - Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre. » Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S'approchant d'eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. (Lc 2, 24-38).

 

Je vous propose une petite méditation, inspirée très librement d’un commentaire copte orthodoxe, sur une icône de la Présentation peinte en 1993 et qui se trouve dans l’église de la Vierge à Los Angeles (Etats-Unis).

 

 

 

 

Comme Moïse devant le buisson ardent, les protagonistes de cette scène sont déchaussés : ils se trouvent en effet dans un lieu sacré, hautement symbolique, le sanctuaire du Temple de Jérusalem, lieu de la présence divine pour les Juifs (« shékina »).

La composition, centrée sur l'enfant Jésus, met en relief le double mouvement entre les représentants de l'Ancienne Alliance et ceux de la Nouvelle Alliance.

 

A l'arrière-plan droit en effet, les symboles judaïques sont présents : l'étoile de David (« Maguen David »), les Tables de la Loi et le chandelier à sept branches (« Ménorah »).

 

Devant eux, Syméon et Anne, prophètes de l'Ancienne Alliance, ont reconnu le Messie attendu.

 

Marie a déposé l'enfant entre les mains de Syméon, et celui-ci, après l'avoir reçu, le remet solennellement à Marie ; par ce geste, c'est le peuple d'Israël qui, en Syméon, confie à Marie son espérance et sa gloire, scelle son adhésion à la Nouvelle Alliance et se dépossède en quelque sorte de l'exclusivité de la Révélation car il reconnaît dans le Christ la Lumière des Nations. « Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple » s’écrit-il.

 

A l'arrière plan gauche, le voile pourpre du Sanctuaire est ouvert et laisse ruisseler l'or de la gloire divine : désormais, c'est le Christ qui est le véritable lieu de la présence divine, et c'est Marie, revêtue de la pourpre royale (sous son manteau bleu), qui nous donne accès à ce Sanctuaire. Rappelons-nous ces mots de Jésus : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » (Jn 2,19) « Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps. » (Jn 2,21)

 

La lumière du Christ rayonne en Syméon comme en Marie, manifestant l'unité de la Révélation et l'avènement du Messie comme accomplissement des Ecritures.

 

Au second plan, Joseph vêtu de rouge offre les colombes dont la blancheur évoque l'innocence de l'enfant qu'elles rachètent selon la Loi de Moïse ; leur immolation annonce le sacrifice du Fils ; Anne, tournée vers Marie, signifie par le geste de ses mains le glaive qui transpercera le coeur de la Mère ; la Nouvelle Alliance sera scellée dans le sang de l'Agneau immolé.

 

« Aujourd'hui celui qui donna jadis la Loi à Moïse s'abaisse devant les préceptes de la Loi, s'étant pour nous fait semblable à nous dans son amour des hommes » dit une prière orthodoxe. Le Verbe divin s'abaisse ainsi parce qu'il est vraiment homme et qu'il en subit les lois : « Toi qui reproduis fidèlement l'empreinte de Celui qui t'engendre avant les siècles, tu t'es revêtu par compassion de la faiblesse des mortels. »

 

Mais cet abaissement est aussi la première rencontre officielle de Jésus avec son peuple, en la personne de Syméon et d’Anne. C'est pourquoi cette fête s'appelle la Sainte Rencontre dans la Tradition des Chrétiens d’Orient. « Celui que les Esprits supplient avec tremblement est reçu ici-bas dans les bras corporels de Syméon, et celui-ci proclame l'Union de la divinité avec les hommes. »

 

Avec l'Eglise toute entière, allons nous aussi, au son des chants inspirés, portant notre cierge allumé, à la rencontre du Christ et accueillons celui dont Siméon a vu le salut.

 

Prenons avec la Sainte Famille le chemin du Temple de Jérusalem. Adorons l'Enfant Jésus dans les bras de sa Mère. Où va Marie ? Elle va au temple nous donner l'exemple de la soumission parfaite à la volonté de Dieu. Elle se prête avec la foi la plus vive à la pieuse cérémonie de la purification légale. Elle fait pourtant exception à la loi, elle qui, par la grâce de Dieu a été préservée de tout péché. Marie porte dans ses bras le premier-né de toutes les créatures, et elle dispose à l'offrir au Père céleste. Dieu va recevoir des mains de Marie une offrande digne de Lui. Contemplons le Fils de Dieu dans cet état d'abaissement. Ecoutons-le s'offrir au Père par les mains de Marie, pour vous et pour nous tous. « Père, prends et reçois ! Tout est à toi, en moi et en eux. Je t’offre ce que je suis et ce qu'ils sont ; ce qui est à moi et ce qui est à eux, je te le donne. Corps et âme, esprit, cœur, volonté, tu nous a tout donné ; nous te rendons tout. Accorde-nous, en échange, de t’aimer, cela suffit. »

Que dit Marie ? Elle joint son offrande à l'offrande de son fils. « Voici la servante du Seigneur. »

 

Cette fête est une consécration solennelle de l'humanité à Dieu. Célébrons-la avec piété. Donnons avec allégresse les petites colombes qui nous assureront à tout jamais les trésors divins. Dans la Bible, c'est l'offrande des pauvres : elle est donc bien à notre portée. L'offrande du pauvre, n’est-ce pas Jésus lui-même ? « Lui de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti prenant la condition de serviteur et devenant semblable aux hommes. » (Ph 2,6-7)

 

Et toi, Vierge Marie, accompagne-nous de ta maternelle protection sur les chemins de la vie à la Sainte Rencontre de ton Divin Fils Jésus, le Messie. Soutiens-nous dans les difficultés. Mais partage aussi avec nous les joies !

 

 

Vierge à l’Enfant entre Saint Benoît et Sainte Scholastique

(Cathédrale Santa Maria Argentea, Norcia, Italie ; photo TL)