Témoins de Paix, d’Amour et d’Espérance

 

Les Moines Trappistes de Tibhirine

 

 

 

 

 

 

 

echosdesmontagnes.blogspot.com/2009/07/abbaye...

 

 

 

 

 

 

 

« Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ?

la détresse ? l'angoisse ? la persécution ? la faim ?

le dénuement ? le danger ? le supplice ?

Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs

grâce à celui qui nous a aimés. »

Rm 8,35.37

 

 

 

 

 

 

 

Je vous invite à partir en Afrique du Nord et à mettre nos pas dans les pas de sept humbles moines trappistes qui ont versé leur sang en Algérie il y a 14 ans…

 

 

 

 

« C'est le Seigneur, le Christ, que vous devez reconnaître dans vos cœurs comme le seul saint. Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, pour faire honte à vos adversaires au moment même où ils calomnient la vie droite que vous menez dans le Christ. Car il vaudrait mieux souffrir pour avoir fait le bien, si c'était la volonté de Dieu, plutôt que pour avoir fait le mal. » (1 P 3,15-17)

Ces quelques versets de la première Lettre de saint Pierre résument bien, il me semble, la vie de cette poignée de moines du prieuré Notre-Dame de l’Atlas…

 

 

 

« Sept taches de sang sur une terre d'islam. Sept lumières dans la nuit de l'Atlas. Sept roses blanches sur le parvis des Droits-de-l'Homme. Sept vies pour Dieu et l'Algérie. La mort tragique des moines de Tibhirine a bouleversé tout homme de cœur, croyant ou non, de part et d'autre de la Méditerranée. Les sentiments de révolte et d'admiration se sont mêlés sous le choc de l'événement. Au moment où la mémoire de ces sept frères trappistes passe à l'histoire, au  nom  même  des  cinquante  mille anonymes de la nouvelle guerre d'Algérie, il importe de conserver précieusement et de faire fructifier leur message : une parole de paix, un geste de réconciliation, une prière d'espérance » écrivait le Père Bruno Chenu, assomptionniste.

 

 

 

 

 

« Croix de Jésus Christ, notre espérance et notre gloire ! »

Croix, Molphey, Côte d’Or, photo Fr. Bruno, octobre 2009

 

 

 

 

 

Notre-Dame de l’Atlas

 

En 1937, quelques moines trappistes venus de l’Abbaye d’Aiguebelle dans la Drôme s’installèrent près de Médéa, à 100 Km au sud d’Alger, dans la montagne, au domaine agricole de Tibhirine qui devint l’Abbaye Notre-Dame de l’Atlas.

 

 

Notre-Dame de l’Atlas

fr.novopress.info/.../

 

 

 

La ferme et les terres furent nationalisées en 1976 par l’Etat algérien. Les moines gardèrent cependant ce qu’ils pouvaient cultiver. Le monastère développa son rôle de ressourcement pour les Chrétiens d’Algérie, d’accueil et de rencontres, manifestant l’admirable fraternité qui unissait ces hommes si différents et leur désir de participer au plus près à la vie de leurs voisins. Petit à petit, pendant les années 1990 marquées par la violence et la détresse, s’est affermie leur décision personnelle et commune de demeurer à Tibhirine quoiqu’il arrive. C’est ainsi qu’ils décidèrent de créer une coopérative agricole avec des villageois pour travailler ensemble ce qui leur restait de jardin et en partager les fruits. Ils prêtèrent également une salle donnant sur la route pour devenir la mosquée qui manquait au village.

 

Leur louange de « priants parmi les priants de l’Islam » reflétait confiance, compassion et communion. Au mois de mars 1996, ce fragile équilibre se renversa ; sept d’entre eux furent enlevés, séquestrés pendant deux mois, puis assassinés…

 

 

 

 

« Croix glorieuse, signe de victoire, conduis-nous dans la cité de Dieu ! »

Croix, La Rochepot, Côte d’Or, photo Fr. Bruno, octobre 2009

 

 

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Mais qui sont donc ces moines qui ont vécu l'amour jusqu'à l'extrême ? Ils étaient des hommes très différents mais unis par la quête de Dieu dans une relation fraternelle avec le peuple algérien. Faisons donc plus ample connaissance avec les sept membres de cette communauté qui ont été enlevés - seuls deux frères, Jean-Pierre et Amédée, échappèrent au GIA (Groupe Islamique Armé) -.

 

 

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Le Père Christian de Chergé (59 ans) était le prieur de la communauté, moine depuis 1969, en Algérie depuis 1971.

Il était la forte personnalité humaine et spirituelle du groupe. Fils de général, il avait connu l'Algérie pendant trois ans au cours de son enfance et pendant vingt-sept mois de service militaire en pleine guerre d'indépendance. Après des études au séminaire des Carmes à Paris, il devint chapelain du Sacré-Cœur à Montmartre. Mais il entra vite au monastère d'Aiguebelle pour gagner ensuite Tibhirine en 1971. Etudiant à Rome de 1972 à 1974, il était très impliqué dans le dialogue interreligieux. Plus tard, il sera l'âme du groupe islamo-chrétien « Ribât es-Salâm »« lien de paix ». Il fut élu prieur en 1984. II avait une profonde connaissance de l'Islam et une extraordinaire capacité à exprimer la vie et la recherche de la communauté.

 

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Le Frère Luc Dochier (82 ans) était moine depuis 1941, en Algérie depuis 1947.

Celui que l'on appelait « le toubib » était, selon ses propres termes, « un vieillard usé mais pas désabusé ». Né dans la Drôme, il exerça la médecine pendant la guerre, prenant même la place d'un père de famille nombreuse en partance pour un camp de prisonniers en Allemagne. Pendant cinquante ans à Tibhirine, il soigna tout le monde, gratuitement, sans distinction. En juillet 1959, il avait déjà été enlevé par des membres du FLN (Front de libération nationale). Il se distinguait par son humour solennel, plein de sagesse, et par ses talents culinaires. Rarement il laissait voir le trésor caché dans son cœur.

 

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Le Père  Christophe  Lebreton  (45 ans) était moine depuis 1974, en Algérie depuis 1987.

Il avait une personnalité chaleureuse et explosive. Septième de douze enfants, il avait fait son service national au titre de la coopération en Algérie. Ce fut son premier contact avec le monastère de Tibhirine. A 24 ans, il entra au monastère de Tamié en Savoie. Mais il était amoureux de la terre algérienne. Il y sera ordonné prêtre en 1990 et deviendra maître des novices de la communauté. Son goût de la relation avec les plus humbles se doublait d'une volonté farouche d'aller toujours plus loin dans la réflexion de foi et le don de soi. Écrivain infatigable, guitariste de cœur, poète à toute heure, il était toujours du côté des pauvres et des marginaux.

 

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Le Père Michel Fleury (52 ans) était moine depuis 1981, en Algérie depuis 1985.

Homme simple, pour ne pas dire effacé, il était épris de pauvreté. Il était né dans une famille paysanne de Loire-Atlantique. Prêtre de l’Institut du Prado, il vécut une dizaine d'années à Marseille, toujours en contact avec le milieu maghrébin. Il dirigea ses pas vers l'Abbaye de Bellefontaine. C'est là qu'il entendit l'appel de l'Algérie. A Tibhirine, il était le cuisinier de la communauté et l'homme des travaux domestiques. C'est sa coule (vêtement monastique qui marque l'engagement définitif) que l'on a retrouvée après l'enlèvement, sur la route de Médéa.

 

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Le Père Célestin Ringeard (62 ans) était moine depuis 1983, en Algérie depuis 1987.

Son service militaire fait en Algérie le marqua pour le reste de sa vie, car notamment, en tant qu'infirmier, il soigna un maquisard que l'armée française voulait achever. Ordonné prêtre en 1960 au diocèse de Nantes, il exerça son ministère pastoral auprès des marginaux, des prostituées et des homosexuels de la ville. Ce prêtre diocésain choisit tardivement la Trappe. Arrivé à l'Atlas en 1987, il fit profession solennelle en 1989. Il avait une grande sensibilité et entrait facilement en relation avec les autres. Organiste, il aimait la musique et était le chantre de la communauté. Extrêmement sensible, il avait subi six pontages coronariens  après  la première  visite du  GIA  au monastère, à Noël 1993.

 

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Le Frère Paul Favre-Milville (57 ans) était moine depuis 1984, en Algérie depuis 1989.

Ce Haut-Savoyard a d'abord été plombier. Il fit son service militaire en Algérie comme officier parachutiste. Il entra au monastère de Tamié en 1984. Arrivé à l'Atlas en 1989, il fit profession solennelle en 1991. A Tibhirine, il était l'homme de l'eau ; c’est lui qui mit en place un système d'irrigation des cultures. En mars 1996, il arrivait d'un séjour en famille avec une provision de pelles et de pousses de hêtres. Car Tibhirine veut dire « jardin »...

 

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Le Père  Bruno  Lemarchand  (66 ans) était moine depuis 1981, en Algérie et au Maroc depuis 1990.

Il venait de l'Abbaye de Bellefontaine. Auparavant, il avait été directeur du collège Saint-Charles de Thouars (Deux-Sèvres) pendant quatorze ans. Fils de militaire,  il  avait  connu  l'Indochine  et  l'Algérie durant son enfance. En fait, c'est un peu par hasard qu'il se trouva à Tibhirine le 26 mars 1996.  Depuis  1990,  il  animait  l'annexe de la communauté à Fès au Maroc. Il était venu participer au vote pour le renouvellement du prieur. C’était un homme posé et réfléchi.

 

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« Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons : par la Croix, tu as sauvé le monde ! »

Croix, La Rochepot, Côte d’Or, photo Fr. Bruno, octobre 2009

 

 

 

 

 

Signes sur la montagne

 

Au nom de Dieu, le Père Christian et ses Frères furent présents en terre d’Islam pour un contact avec l’autre, comme des amis. Les Frères de Notre-Dame de l’Atlas l’avaient compris mieux que quiconque et ils accueillaient et se laissaient accueillir par un contact direct avec la population locale. Ils vivaient à fond leur vocation monastique en terre algérienne, étant alors la seule Trappe en milieu non chrétien.

 

Le monastère se voulait « signe sur la montagne » selon sa devise. Cette devise fait écho à ces mots de Jésus :

« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5,14-16)

 

Signes dans le silence et le partage, les moines se consacraient donc à la prière dans un respect total de la religion qui les entourait, dans une humble soumission au dessein de Dieu, dans un service gratuit de la population locale, dans une recherche exigeante de communion « par le haut ». Ils croyaient en la convivialité spirituelle des croyants, ils voulaient tracer des chemins d'émulation spirituelle et de dialogue vrai…

 

 

Le monastère des Trappistes de Tibhirine, se voulant donc « signe sur la montagne », était devenu signe de prière, d’amour, de paix, de partage, de fraternité, de communion… petite lumière dans un monde qui s’enténébrait peu à peu…

 

 

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Nous n’allons pas parler de l’histoire de l’Algérie et de son indépendance ; ce serait trop long et trop compliqué. Mais la vie et la mort des moines furent liées à la situation politique du pays.

 

 

En 1992, l'Algérie entra dans un cycle de violence. Les groupes terroristes et les forces de sécurité se livraient un combat sans merci. La communauté de Tibhirine se trouvait juste sur la ligne de feu entre ceux que les moines appelaient, par volonté de paix, les « frères de la montagne », les  maquisards  islamistes,  et  les  « frères  de  la plaine », les militaires et les policiers.

 

 

Les frères prirent peu à peu conscience du destin vers lequel ils allaient.

 

A travers les confidences des moines, nous pouvons sentir monter l'inquiétude.

 

La neutralité était difficile à tenir.

 

« Dans la ligne de ce qui nous sépare, il nous a fallu rester fermes dans notre refus de nous identifier à l'un ou l'autre camp, rester  libres  pour  contester  pacifiquement  les armes et  les moyens  de la violence et de l'exclusion. »

 

Les moines ont cette formule étonnante :

« Dans la nuit, prendre le Livre quand d'autres prennent les armes. »

 

Le monastère voulait garder le difficile équilibre entre partage de l'épreuve et présence à Dieu.

 

Mais l’ombre de la mort s’approchait peu à peu du prieuré…

 

Déjà, la liste des victimes chrétiennes, religieux et religieuses, à travers le pays, s'allongeait.

 

 

Après la première incursion du GIA au monastère à Noël 1993, les moines allaient repenser leur choix : rester ou partir ?

Leur décision était prise : ils resteraient, conscients d'un appel intérieur.

Être là parce que le Christ est là.

 

« Dieu a tant aimé les Algériens qu'il leur a donné son Fils, son Eglise, chacun de nous. »

 

Ils se sentaient en solidarité avec un peuple, le peuple algérien, lui-même pris en  tenaille  entre  deux  violences. Ils voulaient vivre ces instants en communion avec une Eglise, l’Eglise qui est en Algérie, qu'ils  aimaient  tant et qui  les aimait tant. Leur évêque, Mgr Henri Teissier, n'avait cessé de les visiter, de les encourager, tout en leur laissant l'entière liberté de leur choix. Cette Eglise qui est algérienne et non pas française devait continuer son incarnation.

 

 

 

Dans un entretien dans le journal « La Croix », en janvier 2006, Mgr Tessier avait écrit :

« Tibhirine était pour nous comme l'icône de notre vocation de chrétiens cherchant Dieu en terre algérienne, c'est-à-dire en terre d'islam. Nous sommes une toute petite Église. Nous avions presque tous une relation personnelle avec le monastère ou avec l'un ou l'autre des Pères. Je pense qu'il n'y a pas au monde de monastère qui ait pu avoir une relation aussi générale avec les membres d'une Église locale. Nous rejoignions d'abord Tibhirine parce que c'était un vrai monastère, une vraie communauté de prière, travaillant de ses mains et offrant à ses hôtes les valeurs évangéliques dans la radicalité de la vie monastique. Vivant dans une société dont tous les citoyens sont musulmans et où les manifestations publiques de la foi chrétienne seraient déplacées, nous avions besoin de ces temps. Symboliquement, la seule cloche qui sonnait encore en Algérie, c'était celle de Tibhirine. Mais en participant à la vie de prière de la communauté de Notre-Dame de l'Atlas, nous étions aussi nourris dans notre vocation propre, dans notre mission spécifique, celle d'être l'Église d'un pays musulman, accueillante aux valeurs de sa tradition spirituelle, posant des gestes de solidarité et de respect dans nos relations quotidiennes. C'est ce que faisaient aussi les moines, à travers les services du dispensaire, les collaborations quotidiennes de Christophe, Paul et Michel avec les paysans, associés dans le travail du jardin, à travers les relations d'Amédée le portier, à travers les courses de Jean-Pierre à la ville voisine, et encore à travers l'accueil à l'hôtellerie. Ce lieu spirituel où nous trouvions le ressourcement tout à la fois de notre identité chrétienne et de notre mission en terre d`islam a été détruit par une violence criminelle. Et pourtant, comment pourrions-nous ne pas rejoindre les motivations qui animaient nos frères moines depuis décembre 1993, après la première visite au monastère d'un groupe armé, lorsqu'ils ont choisi de rester malgré les risques courus ? J'étais avec eux lorsqu'ils ont pris cette décision en conscience. Comment auraient-ils abandonné le peuple à qui Dieu les avait envoyés ? Comment auraient-ils pu, célébrant chaque jour dans leur vie le sacrifice du Christ, renoncer à prendre le risque d'aimer jusqu'à en mourir ? »

 

 

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Mars 1996, dans la nuit du 26 au 27, un groupe armé pénètre dans l’enceinte du prieuré…

 

« Les agresseurs visitent le monastère pour enlever les otages, sèment le désordre dans les chambres. Il n’y a que celle du frère Amédée, qu’il a pris soin de fermer à clé, comme tous les soirs, qui n’est pas visitée. »

 

Le moine comprend :

« Je fus réveillé par le bruit insolite de carton de médicaments que l’on renversait bruyamment. Je réalise de suite qu’ils sont là. Qu’ils sont venus en pleine nuit. Ce dont je ne me faisais aucune illusion se réalisait. »

 

Frère Jean-Pierre fait aussi partie des rescapés, ainsi que quelques hôtes…

 

 

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Puis, après l’annonce de l’enlèvement des sept moines, c’est la cacophonie !

 

L’Etat algérien, les Islamistes, la France… On parle de prosélytisme des Pères, d’échange de prisonniers…

 

 

Le 28 avril, en la Cathédrale Notre-Dame de Paris, plus de deux mille personnes se rassemblent pour prier…

 

 

Mais toujours pas de nouvelles des moines séquestrés… jusqu’à la terrible nouvelle…

 

Le 23 mai, une radio marocaine reçoit un fax : « Nous avons tranché la gorge des sept moines conformément à ce que nous avions promis de faire. C’est ce qui s’est passé ce matin. »

 

Quelques jours plus tard, les têtes des moines sont découvertes en bordure de la route

entre Blida et Médéa…

 

 

 

Longtemps encore résonnera au cœur de chacun, dans les larmes de l'émotion, le testament du Père Christian de Chergé :

« S'il m'arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd'hui - d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays... Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'auras pas su ce que tu faisais, oui, pour toi aussi je le veux, ce MERCI, et cet “A-DIEU” envisagé pour toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. » *

 

 

 

Le Prieur de Notre-Dame de l’Atlas et sa Communauté avaient tant œuvré pour une meilleure compréhension entre Chrétiens et Musulmans par leur présence aimante, discrète et respectueuse des différences…

 

 

 

 

Le Pape Benoît XVI, à la suite de Jean-Paul II, a fait du dialogue interreligieux une de ses priorités. En septembre 2006 il s’est adressé aux ambassadeurs près le Saint-Siège de vingt-et-un pays à majorité musulmane et à quelques représentants des communautés musulmanes en Italie :

« …Le dialogue interreligieux et interculturel est une nécessité pour bâtir ensemble le monde de paix et de fraternité ardemment souhaité par tous les hommes de bonne volonté. En ce domaine, nos contemporains attendent de nous un témoignage éloquent pour montrer à tous la valeur de la dimension religieuse de l’existence. Aussi, fidèles aux enseignements de leurs propres traditions religieuses, chrétiens et musulmans doivent-ils apprendre à travailler ensemble, comme cela arrive déjà en diverses expériences communes, pour se garder de toute forme d’intolérance et s’opposer à toute manifestation de violence ; et nous, Autorités religieuses et Responsables politiques, nous devons les guider et les encourager en ce sens. En effet, “même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés sont nées entre chrétiens et musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à pratiquer sincèrement la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les biens de la morale, la paix et la liberté…” »

 

 

 

De son côté, en 1990, le Pape Jean-Paul II avait écrit dans son encyclique « Redemptoris Missio » :

« La nature du Royaume, c’est la communion de tous les êtres humains entre eux et avec Dieu. »

 

 

 

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Oui, soyons-en sûrs, là où l’homme établit des rapports de communion, le Royaume de Dieu vient à lui !

Le sacrifice des moines de Tibhirine a valeur de message pour l’humanité entière.

 

Non, la barbarie n’est pas fatale !

Non, les religions ne sont pas les tisons des nouveaux conflits mondiaux !

 

Oui, le respect de la vie humaine est le fondement de toute vie en société !

Oui, le parti de l’amour, du pardon, de la communion, est le seul qui donne un avenir à l’homme !

 

 

 

 

 

 

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Les sept moines martyrs de Tibhirine

http ://regardversleciel.over-blog.com/categorie-10962307.html

 

 

 

 

 

 

« Par la puissance de la Croix, sauve-nous, Jésus, notre Sauveur ! »

Croix, La Rochepot, Côte d’Or, photo Fr. Bruno, octobre 2009

 

 

 

 

 

 

 

* Testament spirituel

et Citations du

Père Christian de Chergé

 

www.monasticdialog.com/a.php?id=497

 

 

Testament spirituel

 

« S'il m'arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd'hui - d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays.

 

Qu'ils acceptent que le Maître Unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu'ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d'une telle offrande ? Qu'ils sachent associer cette mort à tant d'autres aussi violentes laissées dans l'indifférence de l'anonymat. Ma vie n'a pas plus de prix qu'une autre. Elle n'en a pas moins non plus. En tout cas, elle n'a pas l'innocence de l'enfance.

 

J'ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde, et même de celui-là qui me frapperait aveuglément. J'aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m'aurait atteint. Je ne saurais souhaiter une telle mort. Il me paraît important de le professer.

 

Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre. C'est trop cher payé ce qu'on appellera, peut-être, la “grâce du martyre” que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'Islam. Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l'Islam qu'encourage un certain idéalisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes.

 

L'Algérie et l'Islam, pour moi, c'est autre chose, c'est un corps et une âme. Je l'ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j'en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit fil conducteur de l'Evangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première église, précisément en Algérie, et, déjà dans le respect des croyants musulmans. Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste : “qu'il dise maintenant ce qu'il en pense !”

 

Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui Ses enfants de l'Islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion, investis par le Don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences. Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l'avoir voulue tout entière pour cette joie-là, envers et malgré tout.

 

Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d'hier et d'aujourd'hui, et vous, ô amis d'ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sœurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis !

 

Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce merci, et cet “A-Dieu” envisagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux.

 

Amen ! Inch Allah ! »

 

Alger, 1er décembre 1993

Tibhirine, 1er janvier 1994

 

 

Citations

 

« Je suis “une maison de prière…” Saint Paul me désigne comme “un temple de l’Esprit”. Je suis bâti par et pour Dieu. Et c’est la prière qui me le dit, c’est elle qui me construit. Bien sûr, je suis bâti pour l’amour. Mais le même Esprit de Jésus me suggère que c’est tout un, prier et aimer. C’est pour cela qu’il me construit à ciel ouvert. Je n’ai pas à lui ouvrir, car c’est de l’intérieur qu’il vient et qu’il opère ; voilà pourquoi on ne sait jamais trop d’où il vient, ni surtout comment s’édifier soi-même dans l’amour. »

[ L’invincible espérance ]

 

         « Le Christ de gloire est présent sous les espèces de toute humanité, plus spécialement sous celles du pauvre et du petit : tout homme est un Christ en gestation. Mais la liturgie est le lieu privilégié où cette gestation s’accueille, s’entretient, s’enfante jour après jour. Le lieu aussi où elle se réalise non seulement pour ceux qui y consentent, mais aussi pour la multitude qui ignore que son cri est douleur d’enfantement. La prière des psaumes qui nous est confiée exprime cette réalité d’Eglise : il suffit de deux ou trois pour les chanter en Son Nom, et le Christ Total est là en tous ses membres dont ces psaumes récapitulent les cris et les visages. »

[ Chapitre ]

 

         « Voici Marie, jeune professe (son oui est tout récent). Elle se lance sur la route vers la montagne pour faire le noviciat de sa maternité universelle… Marie vouée à porter le Christ en elle, hors de chez elle, comme chacun de nous. »

[ Homélie sur la visitation de Marie ]

 

         « Nous sommes invités à être continuellement en état de visitation, comme Marie auprès d’Elisabeth, pour magnifier le Seigneur de ce qu’il accomplit en l’autre… et en moi. »

[ Ribât, circulaire entre les membres du « Ribât es-Salâm » – « lien de paix » ]

 

 

 

 

 

 

Citations

de

Frère Luc Dochier

 

www.la-croix.com/.../article/2438063/4078

 

 

« Je ne pense pas que la violence puisse extirper la violence. Nous ne pouvons exister comme hommes que si nous nous faisons image de l'amour tel qu'il s'est manifesté dans le Christ, qui, JUSTE, a voulu subir le sort de l'injuste. »

 

« … tant qu'il reste un peu de jours, je me dois aux autres, aussi, je ne peux quitter Tibhirine, comme le disait Edith Piaf JE NE REGRETTE RIEN. »

 

 

 

 

 

 

« Glorifions-nous dans la Croix du Seigneur Jésus ! »

Croix, Molphey, Côte d’Or, photo Fr. Bruno, octobre 2009

 

 

 

 

 

 

 

Frère Bruno

http://catesaintbenoit.free.fr

le 21 septembre 2010,

en la Fête de saint Matthieu, Apôtre et Evangéliste

25ème Semaine du Temps Ordinaire